Les pourparlers intermaliens entre le pouvoir et les Touareg doivent reprendre incessamment avec cette nouveauté du retour de l'Algérie dans le processus. Le ministre malien des AE, Zahabi Ould Sidy Mohamed, a annoncé que la table des négociations sera ouverte à Bamako, confirmant dans la foulée le retour de l'Algérie dans la recherche de réconciliation dans son pays. Parlant du retour des médiateurs algériens, "il ne s'agit pas d'une compétition entre pays mais d'un appoint pour la résolution de la crise", a-t-il déclaré, pour mettre un terme à la polémique sur les rumeurs d'exclusion du Burkina Faso qui avait repris la main dans les négociations intermaliennes depuis l'opération militaire française Serval dans le Nord-Mali, début 2013. "Il n'y a ni négociations secrètes ni agenda caché, c'est une initiative de nos frères algériens qui a reçu l'assentiment du gouvernement malien en vue d'aboutir à des négociations inclusives", a-t-il précisé. Mais Zahabi Ould Sidy Mohamed a quand même lancé cette phrase lourde de sens : "Le Burkina ne doit pas s'offusquer car on est médiateur quand on vous sollicite", qui accrédite un tant soit peu les rumeurs qui ont couru à Bamako et à Ouagadougou. Dans le même temps, son homologue algérien, Ramtane Lamamra, affirmait depuis Addis-Abeba où il assistait au 22e sommet de l'UA, que des négociations à Alger ne remettent pas en cause la médiation burkinabé conduite par son homologue du Burkina, Djibril Ypené Bassolé, "mandaté par la Cédéao" pour amener les groupes armés touareg et Bamako à se réconcilier. La nouvelle démarche, aux yeux de l'Algérie, vise à pacifier le Mali par le parachèvement du processus de Ouagadougou, a confirmé Ramtane Lamamra, expliquant dans la radio française RFI que "la contribution de l'Algérie à la résolution de la crise malienne ne remet pas en cause la médiation burkinabé". Pour couper court aux supputations propagées sur la mise sur la touche du Burkina Faso, notre ministre a assuré qu'il s'agit de "consultations exploratoires" visant à relancer le dialogue intermalien. Du côté de Ouagadougou où des leaders du MNLA, mouvement touareg indépendantiste, ont pris leurs quartiers, ce qui a irrité les nouvelles autorités maliennes, le ton est également à l'accalmie. Notre pays, qui était le principal négociateur dans les rébellions au Mali, s'était mis en veilleuse après l'échec des accords d'Alger de 2006 par Bamako et d'autres puissances qui nourrissent des intérêts dans la région, y compris le Maroc qui a aidé de la France à lancer une offensive pour essayer de se placer comme leader dans le Sahel. En plus de ces manœuvres, la diplomatie algérienne battait de l'aile. Et l'Algérie de se retrouver au second plan. L'échec de la médiation burkinabé devait par la suite contribuer à remettre à l'honneur l'estime de l'Algérie au Mali, ainsi que l'arrivée à la tête de sa diplomatie d'un diplomate chevronné, spécialiste de l'Afrique, Ramtane Lamamra. Lors de la visite officielle du président malien Ibrahim Boubacar Keita à Alger les 18 et 19 janvier, le ministre malien des AE a souligné la "parfaite compréhension entre l'Algérie et le Mali sur ce qui doit être fait pour affronter les défis communs en matière de sécurité et de coopération régionale". Il a insisté en affirmant que "tous ceux qui connaissent les dossiers savent que l'Algérie est incontournable dans ce dossier". Cette visite apparaît, aujourd'hui, comme l'aval officiel du Mali pour que l'Algérie reprenne le dossier en main. À Bamako, ont circulé les raisons de l'exclusion du Burkina Faso dans la résolution pacifique de la crise malienne. La présidence malienne serait remontée contre Blaise Compaoré, le président burkinabé, facilitateur des négociations intermaliennes, parce que ses efforts n'ont pas porté leurs fruits. Mais là où Bamako et Ouagadougou ne s'entendent pas du tout, c'est la manière dont les discussions doivent avoir lieu. Le Mali a posé plusieurs conditions préliminaires pour le début du dialogue, notamment le lieu, exigeant que le conflit interne du Mali se règle sur son territoire. Aussi, et comme le stipule l'accord de Ouagadougou, le Mali exige le désarmement et le cantonnement effectif de tous les combattants des groupes armés. Or, les conditions des rebelles seraient absolument à l'opposé de celles que Bamako exige. D. B Nom Adresse email