La porte-parole du Parti des travailleurs, candidate malheureuse du dernier scrutin présidentiel, Louisa Hanoune, n'a pas dissimulé hier son hostilité à la conférence nationale de transition à laquelle s'emploient à organiser dans les prochaines semaines de nombreuses formations politiques de l'opposition. "C'est la confiscation de la volonté populaire. La période de transition conduit à l'anarchie. C'est un partage de pouvoir entre personnalités politiques", a-t-elle estimé hier dans son rapport d'ouverture à la réunion du bureau politique du parti. Pour cette figure de la gauche algérienne, ceux qui évoquent la nécessité d'une Constitution consensuelle veulent s'ériger en tuteurs du peuple. "Pour nous, le gouvernement, c'est celui qui sera issu d'une majorité parlementaire", dit-elle. C'est pourquoi, comme elle l'a souvent répété depuis la tenue des législatives de 2012, entachées de fraude et infestées d'argent sale, elle appelle de ses vœux le président de la République à dissoudre l'actuelle Assemblée pour aller à des législatives anticipées. "Pour nous, c'est la priorité." "Ce n'est pas à l'actuelle Assemblée de discuter de la nouvelle Constitution. Il faut associer le peuple au débat sur la Constitution à travers de vrais représentants", soutient-elle. Même les lois adoptées dans le cadre des réformes, lesquelles "ont échoué", à ses yeux, doivent être révisées, à travers de nouvelles institutions. Et rien n'empêche, insiste-t-elle encore, le Président à agir dans la mesure où le peuple lui a donné mandat et a désormais les coudées franches. "La balle est dans le camp du Président. Il a les coudées franches. C'est un mandat franc, clair, de dimension nationale, qu'il a obtenu." Cependant, elle tient à mettre en garde : "Le peuple a donné un répit, mais les menaces demeurent. Toute perte de temps, on va la payer cher." Contrairement aux différents scrutins organisés jusque-là, Louisa Hanoune estime qu'"il n'y avait pas une fraude massive". "Le comportement de l'administration a été correct", se félicite-t-elle. "C'est une leçon pour ceux qui ont pratiqué la provocation et la terreur", ajoute-t-elle encore. Même arrivée 4e lors du dernier scrutin, elle ne laisse pas transparaître, cependant, quelques signes de déception. "La plus grande victoire pour nous est que l'Algérie est sortie indemne, qu'elle n'a pas sombré dans le chaos. Nous sommes fiers, nous sommes le seul parti à avoir aidé le peuple à réaliser cette éclatante victoire", se réjouit-elle. Histoire, probablement, de justifier le reflux des voix du parti, elle a indiqué qu'"une partie des militants du parti ont voté pour Bouteflika". Mais elle n'a pas manqué d'ouvrir le feu sur quelques organes médiatiques, dont les télévisions privées, coupables, selon elle, de "dérives". Par ailleurs, à propos des dérapages qui ont marqué la marche de Tizi Ouzou, Louisa Hanoune accuse certaines parties "qui ont vu que le 17 avril le pays n'a pas sombré dans le chaos ont tenté de provoquer la Kabylie". "Ils veulent rééditer les événements de 2001. Il faut sanctionner les commanditaires", a-t-elle plaidé. K K Nom Adresse email