Après la trêve présidentielle, les protagonistes de la crise du FLN s'apprêtent à reprendre la bataille. Amar Saâdani a brandi la menace de l'exclusion contre les redresseurs en actionnant la commission de discipline, ces derniers préparent une réunion du comité central pour le destituer. Alors que Saâdani avait rappelé avoir cessé les hostilités extra-FLN, notamment ses attaques contre l'ex-Premier ministre Abdelmalek Sellal et contre le patron du DRS suite à un rappel à l'ordre du Président, il n'en n'est pas de même avec les frondeurs du parti. Première décision, la convocation de la commission de discipline qui devra statuer sur des cas d'indiscipline. Mais aucun nom n'est avancé, encore moins le nombre de cas recensés. Saïd Bouhedja a confirmé cette convocation, ce qui est en lui-même une mesure contre les opposants. Mais lesquels ? Du côté des frondeurs, des redresseurs, on se dit non concernés par la commission de discipline, d'autant plus qu'ils ne reconnaissent aucune légitimité à Amar Saâdani. Pour le coordinateur du parti, Abderahmane Belayat, cette commission de discipline est une désagréable plaisanterie. "Une plaisanterie grasse", dit-il. Il ajoutera que c'est Saâdani qui s'expose lui-même à des sanctions disciplinaires une fois le nouveau secrétaire général élu. Pour l'élection du nouveau secrétaire général, notre interlocuteur a précisé que l'opération sera reprise à partir d'où elle a été arrêtée, juste après l'investiture du président de la République. Le bureau politique va se réunir pour discuter de la situation du parti, de la situation politique du pays et surtout de la session du comité central. Le même dossier déposé au niveau de la wilaya sera maintenu, a indiqué M. Belayat qui a précisé qu'il ne reste qu'à fixer la date et le lieu de la rencontre et d'en informer l'administration. Son camp maintient sa position ne reconnaissant pas les résultats de la session du comité central du 29 août lors de laquelle a été intronisé Amar Saâdani. Le camp de Belayat avait indiqué avoir réuni le quorum pour la tenue de la réunion du CC, mais a été bousculé par l'agenda politique national et la nécessité de mener campagne sans parasitage. Passé cet intermède, Belayat a repris ses interventions dans les médias où il a réitéré ses positions et rappelé son attachement à la légalité et à la légitimité. Par ailleurs, on met l'accent sur les dégâts occasionnés dans le parti par le comportement de Saâdani qui a poussé avec ses décisions unilatérales et ses prises de position certains membres du CC à aller soutenir un autre candidat à la présidentielle, Ali Benflis, en l'occurrence. Et il semble que ce sont ces cadres là qui sont ciblés par la commission de discipline. On trouve parmi eux cependant des membres du CC, redresseurs, qui avaient fait l'objet de mesures similaires du temps de Abdelaziz Belkhadem. La situation en est arrivée à ce que Saâdani enregistre des défections dans son propre camp en raison de ses agissements et de ses positions jugées étrangères et incompatibles avec celles du parti. Mais si, théoriquement, les rapports de force ont, en apparence, changé, se posera encore la problématique de la succession. En effet, le FLN a besoin d'un homme capable de réunir toutes les ailes du parti, de ressouder ses rangs afin de le maintenir à la première place qu'il occupe. Et cet homme, consensuel, n'est pas visible pour le moment. Les quelques prétendants connus au mois d'août dernier ne répondent pas forcément à ce critère. Cela d'autant plus que l'élection du prochain secrétaire général aura lieu à bulletin secret. Et un scrutin à candidatures multiples donnera un SG sans large majorité, affaibli dès le départ, et sera donc appelé à composer avec tout le monde. Il aura cependant l'avantage d'être légitime et incontestable. Il y a enfin la donne Belkhadem qui est revenu sur scène, d'abord, en perturbant Saâdani lors de son meeting au 5-Juillet et, ensuite, par son rappel par le Président pour occuper un poste de ministre d'Etat à travers lequel il a perçu une chance de revenir. D'où ses rencontres avec des responsables, des cadres et des personnalités liés au FLN. Une possible porte qui s'ouvre pour son retour à la tête du parti. Si, comme on dit, la politique est l'art du possible, au FLN, on peut dire que tout est possible, ceci étant valable pour Belkhadem ou un autre candidat surprise. Pour les frondeurs et les redresseurs, qui gardent cependant un mauvais souvenir de l'ère Belkhadem, qu'ils ont réussi à "déloger" après trois ans de pression, la priorité est dans le "débarquement" de l'indu-occupant du poste de SG, Amar Saâdani. D B Nom Adresse email