L'UMPS, contraction lepéniste pour mettre dans le même sac l'UMP et le PS, a explosé vingt- quatre heures après les élections européennes. Alors que Marine Le Pen sabrait le champagne dans une boîte branchée de la prestigieuse avenue française, les Champs-Elysées, un clin d'œil aux travailleurs et exclus qui ont assuré sa victoire, le parti de la droite se déchire. Son bureau politique a viré au règlement de comptes : sommé par François Fillon, Premier ministre de Nicolas Sarkozy, le plus à droite des présidents de la Ve République de France, de quitter son poste de président de l'UMP, Jean-François Copé, son président a plié en acceptant de démissionner au 15 juin. Un nouveau congrès devrait se tenir pour procéder à son remplacement, et la guerre de sa succession est ouverte entre les éléphants, la jeune pousse partagée également entre un redressement idéologique et une plus grande plongée dans la posture nauséabonde du FN pour ce qui est de l'immigration, de l'islamophobie avec le rétablissement des frontières. Coïncidence ou hasard du calendrier, l'affaire Bygmalion qui, depuis trois mois, empoisonnait la vie de l'UMP et se concentrait jusque-là sur le président du parti, Jean-François Copé, a explosé aujourd'hui. Une vraie bombe à fragmentation qui menace de faire imploser toute la droite classique. L'ancien président Nicolas Sarkozy est également éclaboussé, lui qui rêvait de revenir à l'Elysée en 2017. À trop vouloir ressembler à Marine Le Pen, Jean-François Copé a fini par tomber dans la trappe et à ses ennemis de l'UMP de rappeler que cet homme aujourd'hui à terre a triché dans son duel fratricide avec François Fillon à l'automne 2012 pour la présidence du parti. Lui qui se voyait à l'Elysée, il a tout perdu. Branle- bas de combat aussi au sein du PS où les tendances s'entredéchirent. C'est plus grave qu'à l'UMP car c'est le parti au pouvoir. Pour le président François Hollande, issu de cette formation, c'est en effet encore plus grave car il est si fragilisé que des observateurs s'interrogent sur sa voix à Bruxelles et ailleurs à l'étranger. Le "séisme", le "tremblement de terre", le "coup de tonnerre" du scrutin de dimanche a jeté l'opprobre sur l'idée que les démocrates du monde entier, opinions et pouvoirs, se faisaient de la France. Pour Libération, proche des socialistes, l'onde de choc créée par le parti de Marine Le Pen dépasse largement les frontières nationales : c'est une menace pour l'idée européenne. Laurent Fabius, le ministre français des AE a d'ailleurs reconnu que l'image de la France en Europe était l'une des "perdantes" de l'élection. Une situation inconfortable a dû constater François Hollande au dîner d'hier à Bruxelles des dirigeants européens. Au plan interne, la bérézina de son parti qui a déjà subi une claque il y a dix semaines aux élections municipales cédant de grandes et moyennes villes à l'UMP et une dizaine au FN, est considérée par l'opinion, les observateurs et la classe politique comme son propre échec. Avec 13 députés au Parlement européen, François Hollande a subi le plus sévère des désaveux. Sa chute dans les sondages est telle que depuis quelques semaines, ses sorties sur le terrain français sont organisées comme pour les autocrates et dictatures africaines. Sanction immédiate : plus que 11% des Français estiment que François Hollande pourrait être encore présidentiable! Pour limiter les dégâts, le président français a cru bon de s'en tenir à la feuille de route qu'il a tracée pour son Premier ministre Manuel Vals, lequel lorgne beaucoup sur la recette miraculeuse qui a fait sortir des bois le Front national et qui promet la chasse aux immigrés du sud de la Méditerranée et la remise de l'Islam dans les caves. D. B Nom Adresse email