Le rififi à l'UMP a commencé dès le premier tour lorsque Nicolas Sarkozy était classé derrière son rival socialiste. Tous les ténors de ce parti historique de la droite française se demandaient en interne ce qu'allait devenir leur fonds de commerce, se disputant par fleurets mouchetés sa paternité. Alain Juppé, le chiraquien appelé à la rescousse par Nicolas Sarkozy pour répandre un peu de gaullisme sur l'auberge espagnole qu'était devenue l'UMP sous sa férule, avait dit être prêt à tout faire pour éviter une implosion en cas de défaite du chef de l'Etat. Nicolas Sarkozy a brutalement réagi, mais la gronde était déjà en marche non seulement chez les caciques du RPR de Jacques Chirac et l'UDF de Valéry Giscard d'Estaing qui s'étaient fondus dans l'UMP, mais aussi chez les jeunes loups qui ont le regard tourné sur 2017, comme Laurent Wauquiez. Même le petit monstre de Jean-François Copé avait compris que son mentor, Nicolas Sarkozy, s'en foutait de l'UMP dès lors qu'il avait annoncé publiquement qu'en cas de défaite, il quitterait la politique pour se faire de l'argent ! L'UMP n'avait pas acquiescé au glissement lepéniste de Nicolas Sarkozy. Dans ses coulisses, les passes d'armes ont été ouvertes par Chantal Jouanno, la ministre de l'Ecologie dont Nicolas Sarkozy s'était débarrassé en la plaçant au Sénat : elle a déclaré que face à la montée du FN, la réponse n'était pas dans la droitisation de l'UMP et qu'elle voterait PS en cas de duel PS/FN aux législatives ! Nathalie Kosciusko-Morizet, porte-parole de campagne de Nicolas Sarkozy, avait également annoncé la veille du premier tour qu'elle choisirait, comme l'avait fait la gauche pour l'UMP au second tour de la présidentielle en 2002, un bulletin de vote PS pour faire barrage au FN. François Fillon a immédiatement réagi : “Propos stupides et contre-productifs, il faut refuser toutes questions sur l'après…” Par la suite, lorsque Nicolas Sarkozy s'en est pris aux syndicats et corps intermédiaires qui lui avaient refusé leur soutien, son Premier ministre prendra lui aussi de la distance, se rapprochant de ceux qui murmuraient qu'il était évident qu'en cas de défaite de Nicolas Sarkozy, l'Union pour la majorité présidentielle (UMP), les questions de son redéploiement sont légitimes. L'UMP est effectivement dans la défaite. Les paris sont d'ailleurs ouverts à son sujet. Le match de l'après-présidentielle entre Alain Juppé, Jean-Pierre Raffarin, François Fillon et Jean-François Copé a d'ores et déjà commencé. Les hostilités seront mieux ouvertes à partir de ce lundi, lorsque l'UMP tirera les leçons de la défaite de Nicolas Sarkozy. Au sein du parti, l'heure est aux législatives de juin. Pour éviter l'exode de ses députés aux législatives, Jean-François Copé, qui s'était autoproclamé dauphin de Nicolas Sarkozy, a même proposé aux différentes sensibilités de l'UMP de s'organiser en mouvements, à la satisfaction de Jean-Pierre Raffarin ex-premier ministre, Monsieur Algérie auprès de l'Elysée et soutien critique de son ex-locataire. Autrement dit, d'accorder aux différentes chapelles (différents courants allant de la droite populaire aux centristes) de la cathédrale UMP plus d'autonomie. Depuis sa naissance en 2002, la reconnaissance de ces mouvements est écrite noir sur blanc dans les statuts de l'UMP mais Nicolas Sarkozy n'a pas autorisé sa mise en œuvre pour maintenir son ascendant sur ces courants (droite populaire, droite sociale et droite humaniste). En ouvrant sa porte à l'extrême droite lepéniste, le président sortant a planté les racines du délitement de l'UMP dont les composantes pourraient bien choisir de concourir aux législatives sous une autre étiquette, plus proche de leur idéal. C'est par exemple le cas des radicaux qui pourraient préférer à l'UMP l'Alliance républicaine, écologiste et sociale de Jean-Louis Borloo, qui regroupe plusieurs formations centristes. D. B