Le Printemps arabe a eu des effets dévastateurs sur la région d'Afrique du Nord et du Sahel dans le sens où les révoltes ont permis, selon le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, aux groupes terroristes de la région "d'accroître leur influence idéologique et leur force matérielle". Dans un message lu en son nom au Forum stratégique du Nesa (Near East South Asia Center for Strategic Studies, centre américain des études stratégiques), le chef de la diplomatie algérienne a relevé qu'en plus des incidences graves engendrées par les révoltes arabes, notamment en Libye, celles-ci ont aggravé l'ampleur des défis à relever. En effet, la crise libyenne a accentué le trafic d'armes qui a conduit à la déstabilisation de toute la région sahélo-sahélienne, l'Afrique centrale et jusqu'à l'Afrique de l'Ouest. Outre l'approvisionnement des groupes terroristes, Aqmi et Mujao, en armes prises dans les stocks libyens, ces derniers ont réussi à tisser des réseaux et mettre en place des connexions avec les autres groupes terroristes comme Boko Haram et les bandes criminelles opérant dans cette vaste zone désertique réputée pour le trafic d'armes et, plus récemment, le trafic de drogue. D'où ce constat du ministre sur "la complexité et la transnationalité des menaces terroristes, notamment en Afrique du Nord et dans la région du Sahel avec ses enchevêtrements liés au crime organisé". D'ailleurs, rappelle-t-il, à juste titre, le nouveau front d'instabilité lié à la situation en Libye a eu des répercussions régionales qui étaient prévisibles et contre lesquelles l'Algérie avait mis en garde. Une mise en garde perçue en son temps comme une prise de position de l'Algérie contre les "révolutionnaires" et pour les régimes en place. Cette situation est rendue, également, possible par le terreau fertile que constituent la pauvreté et la précarité dans lesquelles vivent les populations de la région, notamment les jeunes qui n'ont aucune perspective. "Devant l'absence d'alternatives économiques, notamment pour les jeunes, l'Afrique subsaharienne est devenue une série de zones de non-droit où tous les trafics ont droit de cité", relève le ministre dans son message. D'où la nécessité, selon lui, d'un soutien de la communauté internationale pour relever les défis et remédier à cette situation économique désastreuse. Mais cela ne constitue qu'un segment dans la lutte contre les phénomènes criminels qui se sont installés dans la région. Devant la montée en puissance des groupes terroristes, la coordination et la coopération sécuritaires s'imposent aux Etats de la région et aux partenaires internationaux. M. Lamamra a mis l'accent sur l'impérieuse nécessité de "conjuguer les efforts de tous les partenaires et que la coordination des actions et des échanges d'informations devrait caractériser l'action quotidienne de tous les acteurs nationaux, régionaux et internationaux". Outre les aspects économique et sécuritaire, l'Algérie, rappelle le ministre des AE, intègre la dimension politique pour réaliser une solution globale à travers, notamment, le dialogue inclusif. C'est le cas notamment au Mali et en Libye où elle encourage le dialogue entre ceux qui rejettent la violence comme moyen d'accès au pouvoir. Ce dialogue "s'inscrit dans l'objectif d'une transition politique sereine devant aboutir à la prise en charge réelle et efficace des problèmes politico-sécuritaire et économique de pays concernés et des besoins sociaux et éducatifs de leurs populations les plus défavorisées", est-il écrit dans son message. Ce forum, qui regroupe une soixantaine d'experts et professeurs algériens, américains, tunisiens, marocains, libyens, mauritaniens et égyptiens, est à sa 4e édition après celle de Bangkok, Amman et Rome, chacun dédié à des thèmes spécifiques à chacune des régions. D. B. Nom Adresse email