Après l'avoir transformé en un pays où l'insécurité est devenue le lot quotidien de ses habitants, les Américains se mettent maintenant à défendre l'unité de l'Irak. C'est ce qu'a martelé hier le secrétaire d'Etat américain John Kerry lors de sa rencontre avec les dirigeants kurdes. Il a tenté de pousser à une entente entre les différentes forces politiques d'Irak et éviter au pays de se désintégrer face à l'offensive des insurgés sunnites avançant vers Bagdad. Après avoir promis la veille à Nouri al-Maliki un soutien "intensif" pour enrayer l'opération djihadiste qui a déplacé des centaines de milliers d'Irakiens et mis sous forte pression le Premier ministre chiite, dont la politique confessionnelle a été mise en cause dans la crise, John Kerry est arrivé hier à Erbil, la capitale du Kurdistan. Les analystes s'accordent à dire que sa mission s'annonce néanmoins ardue, car le président kurde Massoud Barzani appelle à la démission de Nouri al-Maliki, qui semble vouloir se maintenir au pouvoir malgré les critiques le visant de toutes parts. "Comme tout le monde le sait, il s'agit d'un moment très critique pour l'Irak, et la formation d'un gouvernement est notre principal défi", a affirmé John Kerry devant le président kurde. Pendant ce temps, les insurgés, menés par le groupe ultra radical de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), ont affermi leur autorité sur plusieurs pans du territoire irakien dans le nord, l'ouest et l'est du pays dans une offensive fulgurante face à une armée faible, provoquant des réactions alarmistes dans la région et le monde. Les profondes divergences qui minaient le pays bien avant l'offensive de l'EIIL empêchent la formation d'un nouveau gouvernement, issu des élections d'avril où le bloc Maliki était arrivé en tête. Et sa formation est devenue plus urgente après l'assaut. Pour ajouter à la confusion, les forces kurdes avaient pris plusieurs secteurs après le retrait de l'armée face à l'avancée des insurgés, notamment la ville multiethnique et pétrolière de Kirkouk, que les Kurdes veulent incorporer à leur région autonome. "Nous vivons aujourd'hui une ère différente", a dit Massoud Barzani en rendant, dans une interview à la chaîne américaine CNN, Nouri al-Maliki, "responsable de ce qui est arrivé en Irak". "L'Irak est clairement en train de se désintégrer et il est évident qu'un gouvernement fédéral ou central a perdu le contrôle sur tout", a-t-il martelé. Merzak T./Agences Nom Adresse email