L'approvisionnement du marché algérien en produits de large consommation connaît depuis quelque temps, voire quelques années, des perturbations se traduisant par des pénuries récurrentes et des hausses des prix inconsidérées. Ce phénomène prend des proportions particulièrement alarmantes lors de chaque Ramadhan. Cette année ne fait pas exception. A quelques jours de ce mois sacré, nous avons constaté, au niveau de plusieurs marchés de la capitale, une envolée des prix que la raison est impuissante à décoder : viandes rouges : mouton 1450 DA /kg, bœuf 1500 DA/kg, viande blanche (poulet) 320 DA, poivron doux 140 DA, piment 170 DA, tomate 80 DA, oignons secs 70 DA, haricots verts 160 DA, raisin 250 DA. Cette situation que beaucoup d'observateurs ainsi que des associations de défense du consommateur, de même que l'UGCA craignaient s'est vérifiée à la veille du début du jeûne. Au demeurant, le supplément économique de Liberté, non seulement s'est fait l'écho de ces craintes, mais également, à travers les investigations qu'il a menées et les contributions de ses experts a anticipé une telle courbe haussière des prix des biens de large consommation. Quant aux citoyens, ils assistent impuissants et incrédules à une partition musicale qui se joue en dehors d'eux, pis, contre eux. En dépit du discours rassurant de Amara Benyounès : "Dernièrement, on a eu une réunion et on assure les citoyens que tous les produits seront disponibles, (...) il n'y aura pas de pénurie de produits essentiels". Pour sa part, le ministre de l'Agriculture affirme que "des quantités supplémentaires de viandes rouges seront importées avant le Ramadhan pour répondre à la forte demande et freiner l'envolée des prix, jusqu'ici quelque 30 000 t de viandes rouges ont été importées par des opérateurs privés et publics". Il s'agit de viandes rouges congelées en provenance d'Inde et du Brésil et qui doivent être écoulées durant le mois sacré à des prix allant de 400 à 600 DA/kg. Par ailleurs, selon une source autorisée du ministère de l'Agriculture, les quantités importées de viandes rouges constituent un appoint de correction de la fonction de régulation du marché. Elles ne représentent que 10% de la consommation nationale. La production nationale est de 500 000 t/an. Selon notre interlocuteur qui préfère garder l'anonymat, les viandes blanches (poulet essentiellement), la production nationale est de 400 000 t/an, soit 10 kg/an par personne. En vérité, il y a comme une jonction de fait, entre les forces de la spéculation qui agissent dans l'import-import et certains producteurs locaux tentés par le gain facile, pour saper toute action de régulation du marché par la puissance publique. Les forces de la spéculation et du gain illicite, tapies dans l'ombre, ou bénéficiant de complicités y compris dans certaines institutions étatiques, peuvent effectivement être tentées de saborder, d'orchestrer et d'organiser des pénuries volontaires. Cette hypothèse paraît vraisemblable du fait de la persistance chronique des effets pervers de l'inadéquation entre l'offre et la demande au niveau du marché (renchérissement des prix des fruits et légumes, des viandes, pénurie de lait, de médicaments...). En dépit de la volonté affichée des pouvoirs publics de combattre ce phénomène et des mesures effectivement prises à cet effet, les objectifs fixés n'ont pas été atteints. Une telle situation nous renvoie nécessairement au rôle et aux missions de régulation de l'Etat, dans ses actions de prévention des dérives éventuelles que peuvent générer les mécanismes de fonctionnement autonome du marché. A. H. Nom Adresse email