Une fois encore, le prochain sommet africain, qui s'ouvre aujourd'hui à Malabo (Guinée équatoriale), affiche un programme alléchant avec toutefois une portée relative. L'organisation panafricaine, qui est vite revenue à son statut de syndicat de chefs d'Etat, après des résolutions de prendre le taureau par les cornes pour relever les vrais enjeux du continent, va donc discourir jusqu'à demain, alors que dans le nouveau siècle le temps n'est qu'argent. C'est le prix de la bureaucratie d'Addis-Abeba, qui a copié celle des Européens de Bruxelles mais sans se soucier de l'efficacité de l'UE. D'ailleurs, les chefs d'Etat africains vont continuer les travaux de leur dernier sommet sur le thème "Transformer l'agriculture en Afrique : saisir les opportunités pour une croissance inclusive et un développement durable". Un sujet certes de grande importance mais pas au point d'en faire la priorité, d'autant que la thématique a été décortiquée, conjecturée et prospectivée par de nombreuses voix compétentes. Le sommet de Malabo va donc ainsi poursuivre ses travaux sur les sous-thème "L'agriculture et la sécurité en Afrique". Une problématique essentielle qui est également passée sous le peigne fin par des spécialistes et des politologues. Certes, la transformation de l'agriculture en Afrique constitue une problématique vitale, tout comme les infrastructures, l'énergie, l'éducation, etc. Il est important de se pencher sur ces axes de développement du continent en tant que gages de stabilité sécuritaire. Mais, tant que le continent ne sera pas mis au diapason des enjeux politiques de sa cohérence et de son efficacité ainsi que de sa place dans un monde mondialisé, ses sommets resteront des rencontres formelles comme, par ailleurs, la démocratie dont se prévalent ses membres. Evidemment que les chefs d'Etat africains vont aborder les crises en Afrique : au Nigeria frappé par Boko Haram, le Kenya sous menace des Shebab somaliens ou encore le Soudan du Sud dont le détachement de Khartoum en violation avec le principe fondateur de l'OUA, ancêtre de l'UA, l'intangibilité des frontières héritées de la colonisation, s'est transformé en guerre tribale entre les acteurs de l'indépendance de ce dernier membre de l'organisation panafricaine. Les récents pourparlers entre le pouvoir de Salva Kiir et la rébellion dirigée par Riek Machar, son ex-Premier ministre, ont abouti à une nouvelle promesse de cessez-le-feu, sans plus. Sans oublier la RCA où rien n'est réglé, la Centrafrique menacée également de partition avec l'explosion de mésententes entre chrétiens et musulmans, en grande partie après l'intervention militaire française, un remake de son opération Serval au Mali... La liste des conflits en Afrique, latents ou à l'œuvre, est de plus en plus longue, alors que les indépendances africaines sont vieilles d'un demi-siècle. Les populations africaines attendent des réponses au moins sur les dossiers brûlants, tels que le rôle et l'efficacité de la Misca dans la crise centrafricaine où la communauté musulmane, victime d'un génocide, fuit vers le Cameroun notamment. Cette vague islamophobique risque de contaminer la région ainsi que l'Afrique de l'Est. Au Nigeria, Boko Haram menace de déborder en Afrique centrale et Afrique de l'Ouest. Dans le Sahel, la France n'est pas encore parvenue à éradiquer le terrorisme qui s'est propagé dans le Sud libyen et dans le nord du Niger. Sans compter les vieux conflits comme celui du Sahara occidental à propos duquel l'UA donne l'impression de se laver les mains dès lors que le dossier a été confié à l'ONU. Ainsi, depuis que l'UA a succédé en 2002 à l'OUA, créée en 1963, les sommets se succèdent et prônent les mêmes valeurs d'unité, de panafricanisme. En 2013, année du cinquantenaire de l'OUA-UA, les chefs d'Etat ont raté l'occasion de dresser le vrai bilan du continent. Et dans ces échecs, il n'y pas que l'absence de moyens financiers : l'organisation panafricaine a failli faute de consensus, de volonté politique. L'illustration parfaite reste le volet militaire de défense de l'UA, incapable de mobiliser ses membres dans un contexte de guerre civile, comme présentement en Centrafrique, ou d'invasion de djihadistes comme au Mali. D. B Nom Adresse email