L'intercession du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, en faveur du maintien de Vahid Halilhodzic à la tête de la sélection nationale après le parcours, il faut le dire, exceptionnel des Verts au Mondial 2014 au Brésil, n'aura finalement servi à rien. Celle du Premier ministre Abdelmalek Sellal non plus. Un coup d'épée dans l'eau en vérité, d'autant plus que le départ de Vahid à la fin du Mondial était un secret de Polichinelle. Dans la soirée de hier, le coach bosnien a ainsi coupé court à tout revirement de situation, indiquant via le site de la FAF que son aventure avec l'Algérie est bel et bien finie ! "Aujourd'hui, après avoir vécu trois années en Algérie, mes obligations familiales et l'attrait de nouveaux challenges sportifs ont pesé lourdement dans mon choix. Je pars fier de mon bilan après avoir respecté totalement mon contrat avec la FAF", souligne Halilhodzic après avoir aligné une panoplie de salamalecs protocolaires. "Je tiens à remercier, tout d'abord, Son Excellence, le Président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, qui m'a profondément touché par son accueil et ses chaleureuses paroles. Je tiens également à remercier Monsieur le Premier ministre Abdelmalek Sellal, dont j'ai apprécié les encouragements et le soutien. Je n'oublie pas de remercier vivement le président de la FAF, Mohamed Raouraoua, avec lequel j'ai travaillé pendant trois ans en étroite collaboration pour réaliser les objectifs fixés et qui a mis à la disposition du groupe tous les moyens nécessaires pour assurer cette difficile mission. Je tiens à rendre hommage aux joueurs et aux membres des staffs technique, médical et administratif qui m'ont pleinement assisté tout au long de ma mission. Je tiens à associer au succès de l'équipe nationale le formidable public algérien qui m'a soutenu dès le premier jour de mon arrivée et qui m'est resté fidèle. Je garderai à jamais le souvenir ému de l'accueil extraordinaire qui nous a été réservé au retour du Mondial", écrit-il. "Seule fausse note, ajoute-t-il, que je tiens à relever, le comportement indélicat d'une certaine presse, pas toute heureusement, qui n'a pas cessé de stigmatiser, non seulement mon travail, mais s'en est pris à ma propre personne et à ma famille, ce que je n'oublierai et ne pardonnerai jamais." Une dernière banderille en fait en direction d'une presse qui a juste fait son travail, rapportant des faits avérés et critiquant des démarches techniques plus que discutables comme cette sortie ratée contre la Belgique, qui a failli faire virer l'odyssée brésilienne au cauchemar. Halilhodzic ferme donc la parenthèse après trois ans de loyaux services en Algérie, marquée par deux stations aux visages diamétralement opposés, à savoir une CAN 2013 en Afrique du Sud catastrophique avec une élimination humiliante dès le premier tour et un Mondial héroïque, marqué surtout par une qualification historique et inédite au second tour de la Coupe du monde. Gourcuff hérite d'une équipe clés en main Quel que soit le bilan que l'on peut tirer du passage de Halilhodzic en Algérie, il part fort de cet acquis authentique, à savoir qu'il est le seul entraîneur à hisser l'Algérie au palier supérieur de la Coupe du monde. Son nom restera à jamais rattaché à cet exploit mémorable. Désormais, le départ de Vahid Halilhodzic ouvre la voie à l'intronisation du Français Christian Gourcuff à la tête des Verts, avec la mission de qualifier l'Algérie à la prochaine Coupe d'Afrique des nations. Un entraîneur qui a pignon sur rue, aux méthodes de préparation reconnues, résolument portées vers le beau jeu. Il trouve en place une équipe clés en main et forte d'une expérience enrichissante en Coupe du monde. Un groupe jeune et doué qui ne demande qu'à perfectionner son jeu collectif. Il faut rappeler à ce titre que le président de la FAF, Mohamed Raouraoua, avait tout conclu avec Christian Gourcuff au printemps dernier au terme de sa visite en Algérie, où il notamment visité le centre de Sidi Moussa en plein stage des Verts. Une incursion inopinée qui n'avait pas plu à Halilhodzic qu'il qualifiera plus tard de "diplomatiquement incorrecte". En fait, Raouraoua, un homme avisé, ne voulait pas être devant le fait accompli et était au courant de l'accord donné par Vahid aux dirigeants du club turc Trabzonspor. Ce sont les Turcs qui avaient du reste vendu la mèche, et Liberté dans son édition du 21 avril dernier avait fait état de cette information. Sous le titre "Raouraoua a déjà pris sa décision", nous nous interrogions dans ces mêmes colonnes : "Est-ce à dire pour autant que le président de la FAF, Mohamed Raouraoua, a décidé tout bonnement d'attendre que Halilhodzic se décide enfin pour ouvrir le dossier de sa succession ? Répondre par l'affirmatif, c'est sans doute mal connaître le talent de tacticien de cet homme rompu aux arcanes de la gestion. En vérité, Raouraoua a pris sa décision. Il se séparera de Vahid. Il sait que l'avenir des Verts ne peut se faire avec un technicien qui tergiverse à accepter une offre confortable de prolongation de contrat. Un entraîneur qui, de surcroît, passe son temps lors de ses escapades chez lui en France à discuter les offres venues d'ailleurs, comme la dernière émanant d'un club huppé en Turquie. Une information Twitter que la FAF a eu toute latitude de vérifier." C'est alors qu'il avait décidé de boucler le dossier avec Christian Gourcuff. Le choix était irréversible, même si la tentative du président Abdelaziz Bouteflika de faire changer d'avis Halilhodzic aura suscité un petit espoir chez les Algériens, plutôt fervents d'un maintien du technicien bosnien. Mais en fait qui est Christian Gourcuff ? Ce technicien français est né le 5 avril 1955 à Hanvec, dans le Finistère. Il débute sa carrière de footballeur à Douarnenez d'où il est originaire. Remarqué par le directeur technique du Stade Rennais, il rejoint ce club avec lequel il remporte la coupe nationale des juniors en 1973. Une année plus tard, il s'engage avec l'US Berné, un club de troisième division. En 1978, Gourcuff, qu'on surnomme l'entraîneur historique du FC Lorient, rejoint l'En Avant de Guingamp, qui évoluait à cette époque en Ligue 2 française. Une année plus tard, il a failli réussir la montée en ratant de peu les barrages. En 1981, il est recruté par le FC Rouen avant de rallier une saison après la Chaux de Fonds. Fort d'un diplôme universitaire en maths, le nouveau sélectionneur des Olympiques débute sa carrière d'entraîneur en 1982, alors qu'il n'était âgé que de 27 ans, en prenant les destinées du FC Lorient qui venait d'accéder en division honneur. Sous sa direction, Lorient retrouve la seconde division en seulement quatre saisons. Une performance qui lui a valu le titre de meilleur entraîneur de la seconde division en France. En 1985, il quitte Lorient après la relégation de cette dernière pour rejoindre Le Mans UC qui évoluait en troisième division. Après un début laborieux avec Le Mans, il décide alors de rajeunir l'équipe qui a fini par terminer la saison à la seconde place au classement. Fervent défenseur du jeu offensif, il récidive l'année suivante en réalisant la même performance qui permet au club manceau d'accéder en deuxième division après 17 ans de disette. Après une virée au Canada où il s'est engagé pour un contrat de deux mois et demi avec l'équipe de Supra Montréal, il retourne en France à la rentrée scolaire pour reprendre son poste de professeur de mathématiques et devient également entraîneur-joueur de l'US Pont-l'Abbé, club de quatrième division. Rétrogradé à la fin de la saison, il décide de quitter le club. En 1991, il est de nouveau rappelé par le FC Lorient retombé en division trois. Il fait monter les Merlus en seconde division une année plus tard, avant qu'ils ne rétrogradent la saison suivante. Ils retrouvent la seconde division, une année après, avec, à la clé, le titre de champion national en 1995. Il reçoit la même année pour la deuxième fois de sa carrière le titre de meilleur entraîneur de D2. Durant l'année 2001, il est contacté par Marseille, mais il préféra s'engager avec le Stade de Rennes après 10 ans passés à Lorient. Un passage des plus difficiles pour Gourcuff, qui s'est fait licencier par le club breton en mai 2002. Il rejoint aussitôt le club qatari d'Al-Ghorafa avec lequel il termine vice-champion du Qatar, avant de revenir en France, plus précisément au FC Lorient, redescendu en D2. Il reconstruit l'équipe et parvient à la fin de la saison 2006 à faire remonter l'équipe en Ligue 1 avec, au passage, un troisième titre de meilleur entraîneur de D2. Malgré les nombreux départs, il parvint à maintenir Lorient en Ligue 1. Il a prolongé son contrat avec le FC Lorient en décembre 2009 jusqu'en 2014, avant qu'il ne soit sollicité par la FAF. S. L. Nom Adresse email