En dépit de l'appel au calme d'Obama, la ville de Ferguson a connu une autre nuit d'émeutes raciales, marquées par des violences entre manifestants et forces de l'ordre, subséquemment à la mort d'un jeune Noir de 18 ans tué par un policier dans des circonstances controversées. Bilan : deux blessés par balles et 31 arrestations. L'intervention de la Garde nationale -restée discrète- en renfort à la police a contribué à ramener un certain calme dans la ville, plus d'une semaine après le début des émeutes. Même si aucun couvre-feu n'était en vigueur lundi, les forces de l'ordre ont empêché les rassemblements dans le centre-ville, forçant les personnes qui étaient restées dehors après les manifestations pacifiques de la fin de journée à circuler, en tirant des grenades lacrymogènes et assourdissantes. Le tout encadré par un véhicule blindé et un hélicoptère. La police, qui avait été accusée d'usage excessif de la violence, a justifié son intervention musclée -avec des centaines de policiers équipés parfois d'armes de guerre- en assurant qu'ils avaient été la cible de tirs et de jets de projectiles. Son chef a indiqué, en revanche, que les victimes ont été blessées par des tirs provenant des manifestants, en faisant état de l'arrestation de 31 personnes, dont certaines étaient venues "de New York et de Californie". Il a fait état plus "d'actes criminels violents" que "d'actes de manifestations", en affirmant avoir saisi des pistolets et des cocktails Molotov. S'exprimant dans la soirée, le président américain Barack Obama avait une nouvelle fois mis en garde contre un usage excessif de la force face aux manifestants. Il dira, lors d'une conférence de presse, avoir recommandé au gouverneur une utilisation "limitée" de la Garde nationale, et a estimé que rien n'excusait "l'utilisation de la force excessive par la police locale". "Je m'assurerai dans les jours qui viennent qu'elle aide plutôt qu'elle n'aggrave la situation", a prévenu M. Obama au sujet de la Garde nationale, tout en dénonçant les manifestants qui auraient recours à la violence : "Si je comprends les passions et la colère nées de la mort de Michael Brown (...), piller [des magasins] ou attaquer la police ne peut que contribuer à faire monter les tensions, cela affaiblit la justice plutôt que cela ne la renforce". Tout en soulignant avec insistance qu'il entendait rester "prudent" sur le fond du dossier tant que l'enquête était en cours, M. Obama a abordé la question des inégalités raciales aux Etats-Unis. Il a jugé qu'un long chemin restait à parcourir avec des communautés "qui se retrouvent souvent isolées, sans espoir et sans perspectives économiques". Les circonstances de la mort de Michael Brown restent encore à élucider. Car les versions de la police et de plusieurs témoins divergent. Pas moins de trois autopsies ont été demandées, par les autorités locales, la famille et le ministre de la Justice. Celle réalisée à la demande de la famille du jeune homme n'a révélé "aucune trace de lutte", et qu'au moins "six balles ont atteint le jeune Noir, dont deux à la tête", jetant le discrédit sur la thèse policière. A. R./agences Nom Adresse email