Comme Si Mohand Ou Mhand, l'aède, natif d'Ath Zikki, aurait vécu l'exil dans sa tendre enfance en choisissant de s'installer chez les Ath Qaci, dans la région de Tamda , près de Tizi-Ouzou. Des poèmes où il a mis en valeur le courage et la générosité de cette famille de Tamda, ont survécu au temps. La maison de jeunes d'Aït Zikki, dans la daïra de Bouzeguène (60 km à l'est de Tizi-Ouzou), en collaboration avec l'APC et l'association Smaïl Azikkiw du village de Taourirt Bouar, a organisé, pour la première fois, un festival (qui a pris fin dimanche dernier) consacré essentiellement à la vie et à l'œuvre du poète de l'insurrection de 1871, Smaïl Azikkiw. Un riche programme a été concocté avec une exposition permanente, des conférences-débats, des déclamations de poèmes, des concours de poésies, des "Ichewiken", des représentations théâtrales, des ventes dédicaces etc. Qui est Smaïl Azikkiw et quelle fut son œuvre ? Deux questions auxquelles des conférenciers et autres anciens ont tenté de répondre. Son œuvre est quelque peu hétérogène et très peu de poèmes qui lui ont été attribués ont survécu dans la tradition orale, contrairement au barde Si Mohand Ou Mhand ou au cheikh Si Mohand Ou Lhoucine tributaire d'un riche répertoire poétique et dont la vie est bien antérieure à Smaïl Azikkiw. Dans les différents débats qui ont été animés par des conférenciers, chacun y est allé de sa propre vision pour apporter des éclairages sur une période très mouvementée du passé de Smaïl Azikkiw, un homme à l'héritage si consistant et à sa lutte continuelle contre l'autorité coloniale française des années 1870 et 1871 et contre la djemaâ villageoise qui lui fit allégeance. Tout cela est démontré dans les quelques textes du poète, eu égard à la dominance et à la récurrence des thèmes liés à ce sujet dans sa poésie qui comprend des louanges ou des reproches et met en relief les conséquences dramatiques sur les populations dites "indigènes". Ces populations, très pauvres, sont doublement humiliées d'une part par les lois iniques de l'administration coloniale, et d'autre part par la classe au service des militaires. Comme Si Mohand Ou Mhand, Smaïl Azikkiw, natif d'Ath Zikki, aux environs de 1821 à 1831, aurait vécu l'exil dans sa tendre enfance en choisissant de s'installer chez les ath Qaci, dans la région de Tamda, près de Tizi-Ouzou. Des poèmes où il a mis en valeur le courage et la générosité de cette famille de Tamda, ont survécu au temps. J. D. Luciani publia les neuf poèmes de Smaïl Azikkiw, les seuls qu'il a réussi à "sauver" de la déperdition, dans la Revue africaine n° 232 et 233 de l'année 1899. Luciani aurait puisé les poèmes de Smaïl Azikkiw à partir d'un manuscrit que lui a remis Mohamed Saïd Zekri, imam à la mosquée de Sidi Ramdhan et professeur à la medersa d'Alger. Luciani reconnut que Zekri, qui serait ami de Smaïl Azikkiw, l'avait beaucoup aidé dans la traduction des poèmes en français. Parmi ces poèmes publiés en trois parties : Wahed usbaïn (Insurrection 1871), Tajmaat N Tenach (la Djemaâ des 12), Jujdebbi (juge de paix), Mohamed Amoqran Uqaci, Aali Uqaci, Lmut N Bachagha (la mort de bachagha), Tafgurt (le châtiment), Srira N Wass-a (les mœurs du jour), et enfin Asuter (la pétition). Le thème le plus récurrent dans ses poèmes est la critique de l'assemblée villageoise et les hommes qui la composent : il crie son "ras-le-bol de l'administration des affaires du pays par l'assemblée des gueux malpropres ayant pour secrétaire une chouette", et prie Dieu "de dissiper toutes les souffrances fusent-elles par Jujedebbi (le juge de paix), moins mauvais que tajmâat". Par ailleurs, lors de ce festival, Smaïl Azikkiw était au centre des débats qui allient la poésie à l'histoire en passant par la littérature, la sociologie et l'anthropologie. A noter qu'un concours poétique en hommage à Smaïl Azikkiw a enregistré la participation de 21 poètes. Korchi Mohamed, Chili Leila et Saïbi Lounis ont remporté les prix. Benkada Amar a décroché le prix de la meilleure déclamation et Ramdani Hayet, celui de la meilleure poésie féminine. Le travail diligenté par Smaïl Kassous, directeur de la maison de jeunes d'Ath Zikki comporte certainement quelques insuffisances mais les enseignements tirés sont très fructueux pour préparer un deuxième festival, bien meilleur, à l'été 2015. K. N. O. Nom Adresse email