Le nouveau patron des Verts, Christian Gourcuff, n'a pas usurpé la réputation qui a précédée son arrivée en Algérie. Amateur du football offensif et du jeu chatoyant, le technicien français a imprégné d'emblée au jeu de l'équipe nationale algérienne une vocation résolument portée vers l'attaque. Au diable la prudence maladive de son prédécesseur, le Bosnien Vahid Halilhodzic, l'ex-coach de Lorient, dont c'est la première expérience à la tête d'une sélection nationale, de surcroît en Afrique, ne s'est pas ganté pour sauter les verrous de Vahid et libérer, du coup, le jeu et les joueurs. Exit la sentinelle chère à Halilhodzic, Medjani retrouve sa place naturelle dans l'axe de la défense au profit d'un Taider plus joueur dans ce registre. Gourcuff l'associe dans la récupération mais aussi dans l'animation du jeu à un Lacen retrouvé. Pour lui, c'est largement suffisant pour meubler le compartiment du milieu défensif, même quand les Verts évoluent à l'extérieur, alors que Halilhodzic, depuis notamment la défaite contre le Mali au Burkina Faso, a toujours opté pour un milieu défensif à trois têtes. Ceci avait pour conséquence de priver l'EN, soit d'un milieu offensif soit d'un second attaquant. C'est en raison de choix similaires que, par exemple, Brahimi s'est retrouvé sur le banc contre l'Allemagne en huitièmes de finale d'un Mondial, alors que, contre la Corée du Sud et la Russie, le nouveau stratège de Porto avait constitué l'une des clés du succès. Beaucoup d'observateurs avaient du reste relevé, à l'issue de l'élimination du Mondial, l'énorme gâchis de laisser un joueur de la trempe de Brahimi sur le banc, alors qu'il aurait pu faire bouger les lignes. Gourcuff, qui suit l'évolution des Verts depuis au moins le mois de mars dernier et qui était présent au Brésil, a pris de bonnes notes. Parmi ces enseignements utiles, la nécessité de profiter du grand talent d'un Brahimi. Bien plus, Gourcuff en fait une pièce maîtresse dans son plan de jeu. Il le responsabilise carrément et en fait le patron du jeu des Verts. Contre l'Ethiopie, Brahimi, comme pour faire taire les plus sceptiques, n'a pas déçu. D'abord il est à l'origine de la première réalisation algérienne, suite à l'une de ses accélérations fulgurantes. Puis carrément, buteur consécutivement à une belle remise du remplaçant Mahrez. Ouvrons ici juste une parenthèse pour préciser que même après avoir mené au score pendant plus d'une cinquantaine de minutes, Gourcuff a non seulement maintenu Brahimi sur le terrain, ce que Halilhodzic n'aurait franchement pas fait, mais il a continué à jouer avec deux attaquants, avec Mahrez et le revenant Belfodil. Un banni de Halilhodzic. Du coup, Feghouli est excentré à droite, là où il est le plus utile, là où il est le plus dangereux, à l'image de son exploitation tactique en club, à Valence. Sa générosité sur le flanc droit, sa rapidité et son aisance technique dotent l'EN d'une force certaine. Gourcuff en est amplement conscient. D'ailleurs, le duo Brahimi – Feghouli a encore une fois fonctionné à merveille. C'est une constante et une force chez les Verts. Autre embellie de Gourcuff, la liberté accordée à Mandi sur le flanc pour épauler Feghouli, alors que durant tout son mandat à la tête de la sélection algérienne, Halilhodzic n'a jamais trouvé de solution à droite. Il en est arrivé à sacrifier ce secteur névralgique dans le jeu moderne. Pour le reste, Gourcuff a eu le mérite et l'intelligence de préserver les acquis – comme quoi tout n'était pas mauvais chez Vahid – avec un gardien qui n'a plus rien à prouver et qui, encore une fois, a démontré qu'il est l'un des meilleurs remparts en Afrique, voire dans le monde ; une charnière centrale solide et un duo d'attaque toujours aussi dangereux, même si Slimani n'était pas dans un grand jour. Gourcuff reprend certes les mêmes, mais il prend le soin de modifier la stratégie, histoire d'estampiller sa griffe personnelle. C'est déjà encourageant ! Nom Adresse email