Trois semaines après la mort tragique de l'attaquant camerounais de la JS Kabylie, Ebossé Bodjongo, provoqué par des jets de pierres survenus à la fin du match JSK-USMA du 23 août 2014, les sanctions disciplinaires sont finalement tombées jeudi soir sur le site de la Ligue de football professionnel. Ces lourdes sanctions sont donc tombées tel un couperet à la surprise générale des dirigeants et des supporters kabyles qui n'arrivent pas à comprendre le pourquoi de cette "main de fer" qui a frappé de plein fouet la JSK jusqu'à hypothéquer sérieusement son avenir. Dans un communiqué rendu public jeudi soir, la commission de discipline de la LFP a donc confirmé "la suspension du stade du 1er-Novembre jusqu'à la fin de la saison 2014-2015 assortie du huis clos pour une période de six mois à compter du 26 août 2014" et "l'interdiction de stade aux supporters du club JSK lorsque ce club joue en déplacement, et ce, jusqu'à la fin de la phase aller de la saison 2014-2015", tout en mentionnant dans le même communiqué que "le dossier reste ouvert jusqu'à conclusion des enquêtes en cours actuellement menées par les services concernés". S'il est vrai que la JSK s'attendait à des sanctions disciplinaires, somme toute, logiques, du fait qu'il y a eu quand même mort d'homme lors du match JSK-USMA, il n'en demeure pas moins que les dirigeants kabyles et leurs milliers de supporters ne comprennent pas la gravité de ces sanctions. Joint par téléphone, hier après-midi à Oran où il a accompagné son équipe en déplacement à Bel-Abbès, le président de la JSK, Mohand-Chérif Hannachi, était visiblement abattu. "Mais c'est scandaleux et inacceptable. La JSK s'attendait à tout sauf à une telle sentence qui est injuste et démesurée, dit-il. À défaut d'arrêter l'auteur du crime, c'est la JSK qui paye les pots cassés. L'enquête judiciaire n'est pas encore terminée et rien n'a été révélé et voilà qu'on s'empresse d'accabler la JSK. C'est un verdict très grave qui frappe notre club car ces sanctions sont subjectives et dépassent certainement le cadre sportif. Nous n'avons pas encore fait le deuil de notre joueur Ebossé, que des criminels de l'ombre ont lâchement assassiné, et voilà qu'on s'empresse de nous poignarder dans le dos alors que la famille Bodjongo tout comme la JSK sont les deux grandes victimes de cette tragédie qui n'a pourtant pas encore livré tous ses secrets", dira encore Hannachi qui compte réunir demain son conseil d'administration pour introduire un dossier de recours auprès de la LFP. Hannachi : "Ces sanctions sont subjectives et dépassent certainement le cadre sportif" "Alors qu'on ne connaît encore ni l'origine ni l'identité du ou des auteurs de cette tragédie, voilà qu'on décide de tout mettre sur le dos de la JSK alors que les responsabilités d'un tel drame sont certainement ailleurs. Une chose est sûre, nous n'accepterons jamais que la JSK soit poussée à la guillotine alors que l'enquête judiciaire n'a rien révélé et n'a guère culpabilisé notre club. Maintenant, si on décide de radier la JSK du mouvement sportif national, qu'on nous le dise clairement et que chacun assume ses responsabilités. Nous avons été les premiers à avoir dénoncé cette tragédie qui nous a arraché un digne fils de la JSK et, aujourd'hui, nous refusons d'être considérés stupidement comme victime et coupable tout à la fois", enchaînera Hannachi qui ne décolère pas. Cela dit, toute la Kabylie était sous le choc après l'annonce des sanctions prononcées par la LFP. Dans toutes les localités de la région, ce verdict aura suscité, durant tout le week-end, de nombreux commentaires teintés d'indignation et d'amertume. De nombreux supporters kabyles ont déjà envahi les sites Internet et les réseaux sociaux en Algérie ou à l'étranger pour dénoncer ce qu'ils qualifient comme "une grave injustice" contre le club phare de Kabylie. "Tous les citoyens de Kabylie ont condamné unanimement cet acte ignoble et si un ou quelques énergumènes ont lancé des projectiles à la fin du match JSK-USMA, pourquoi ne pas les démasquer et les punir sévèrement et pourquoi incriminer à la pelle tous les sportifs intègres de Kabylie qui ne se reconnaissent pas dans cet acte barbare et ne méritent certainement pas une telle sentence", nous dira un vieux supporter rencontré hier au cercle de la JSK mitoyen au vieux stade Oukil-Ramdane de Tizi Ouzou. "C'est une décision absurde et scandaleuse que d'interdire désormais tous les stades algériens aux supporters de la JSK dès lors que notre club évolue à l'extérieur. Une telle ineptie relève de la pure injustice et de la grave discrimination à l'encontre des supporters kabyles qui refusent d'être considérés comme des vandales et des criminels dans leur totalité alors qu'il y a eu des incidents beaucoup plus graves dans d'autres stades d'Algérie où des joueurs et des arbitres ont été lynchés ou agressés à l'arme blanche sur les terrains de jeu et même dans les vestiaires sans pour autant qu'il y ait eu des sanctions aussi graves", dira, de son côté, un jeune supporter accosté au niveau de l'université Mouloud-Mammeri. C'est dire que ces sanctions soulèvent, depuis jeudi soir, le courroux des supporters kabyles à un tel point que même le match de reprise de la JSK, prévu ce soir à Bel-Abbès, a été carrément relégué au second plan de l'actualité sportive. Nom Adresse email