Malgré le deuil cruel qui continue de faire souffrir toute la grande famille de la JSK après la disparition tragique du footballeur camerounais, Albert Ebossé, et en dépit des sanctions lourdes et injustes qui se sont abattues sur le club kabyle à la veille de ce long et périlleux déplacement à Sidi Bel-Abbès, les Canaris ont réussi à vaincre aisément une coriace formation belabbésienne et à se révolter majestueusement contre une incroyable adversité qui ne dit pas son nom. Touchés dans leur chair et leur amour-propre, les Kabyles ont su relever la tête et prouver au grand public leur santé morale et leur dignité légendaire dans les moments difficiles. Il est vrai que les camarades d'Ali Rial ont juré sur tous les cieux d'honorer la mémoire de leur regretté coéquipier et de lui dédier, en cette journée de reprise fort douloureuse, une sacrée ... "prière de l'absent". C'est qu'à Tizi Ouzou, comme un peu partout en Kabylie, ni les joueurs, ni les dirigeants, ni les supporters, ni les citoyens de tous bords n'ont oublié le malheureux Ebossé, hier idole vénérée par tout un peuple et aujourd'hui véritable martyr tombé "les armes à la main" par la faute d'énergumènes écervelés, lâchement tapis dans l'ombre et qui n'ont rien à voir avec la noblesse du sport, encore moins avec les valeurs ancestrales de l'hospitalité des Kabyles depuis la nuit des temps. Et comme le hasard fait bien les choses, la JSK a renoué avec la compétition le jour même où le regretté Ebossé était inhumé en son village natal dans les fins fonds du Cameroun, terre de football et de passion. Mon Dieu, ce que la minute de silence observée à la mémoire du "frère" Ebossé, peu avant le coup d'envoi de ce match USMBA-JSK, fut émouvante pour les vingt-deux acteurs, mais certainement douloureuse et poignante pour les Canaris qui avaient visiblement la gorge nouée et les yeux embués de grosses larmes de chagrin. Il a été très dur d'avoir une pieuse pensée pour l'être cher tragiquement disparu et de s'incliner religieusement à sa mémoire en ces moments de cruel souvenir et de sacré recueillement. Mais pour les "Imazighen", ça passe ou ça casse, et à Bel-Abbès, ils se sont empressés de prendre leur cœur à deux mains et leur esprit à bras-le-corps pour livrer bataille face à une bonne équipe belabbésienne qui revenait d'une bonne performance arrachée de haute lutte en terre sétifienne où il n'est pourtant pas toujours facile de s'en tirer à bon compte (0-0). Eh bien, les poulains d'Hugo Broos ont su relever un gros défi en s'assurant un succès indiscutable sur les bords de la Mékerra, pour enchaîner avec une seconde victoire acquise en déplacement après celle qui fut ficelée lors de la première journée à Oran, la capitale de l'Ouest algérien (2-1). Et sans ce match cauchemardesque du 23 août dernier contre l'USMA où elle aura perdu son Ebossé chéri, mais aussi un match à fort enjeu, la JSK aurait certainement plané à l'heure qu'il est sur un nuage de bonheur et de quiétude. C'est dire que le football est parfois cruel et les joueurs kabyles ont mesuré toute l'ampleur du drame, eux qui ont encore versé des larmes de deuil et de désespoir au coup de sifflet final de l'arbitre M. Achouri, qui venait de sceller la victoire kabyle et de signifier la fin de la "prière de l'absent". Au cours d'un rituel qui fera certainement date dans les annales du club kabyle, le vaillant capitaine Ali Rial avait annoncé la couleur au prix d'un but rageur dès la 6' de jeu avant que le jeune attaquant et buteur prometteur Youcef-Khodja, transfuge de l'US Chaouia et digne successeur du regretté Ebossé, ne plie le match peu avant la mi-temps (40'). Et la... messe était déjà dite au grand bonheur des Canaris et de leur jeune buteur qui n'hésita pas à esquisser quelques pas de danse africaine, comme aimait bien le faire jadis le brave Ebossé. "Je rêvais d'inscrire un but à la mémoire d'Ebossé et de le lui dédier car son image est encore présente en nous", dira Youcef-Khodja avec beaucoup de fierté et surtout d'émotion. "Tous les joueurs sont à féliciter pour leur réaction héroïque car ce n'était pas facile de se rebiffer après les jours très difficiles que nous avons vécus depuis trois semaines", dira, de son côté, le coach belge Hugo Broos visiblement ébahi par le beau sursaut d'orgueil de ses poulains, lui qui, après mûre réflexion, a décidé de continuer son aventure à la barre technique de la JSK. "J'ai pesé le pour et le contre, et je m'étais dit que je ne pouvais pas abandonner le club dans ces moments difficiles", dira après coup Broos qui compte galvaniser ses troupes dans les jours à venir, et ce, en dépit de toutes ces sanctions disciplinaires de la Ligue qu'il qualifiera d'"injustes envers la JSK". "Nous sommes particulièrement heureux de cette victoire qui nous a permis d'honorer la mémoire de notre regretté Ebossé et de faire un clin d'œil à tous ceux qui ont voulu accabler et enterrer la JSK après cette dure épreuve", dira le président Hannachi, qui continue de contester énergiquement les lourdes sanctions prononcées par la LFP contre la JSK. "Au risque de le répéter, la JSK ne peut pas être victime et coupable dans cette affaire, et nous comptons bien déposer un dossier de recours bien ficelé pour nous rétablir dans nos droits. Je m'insurge contre le fait que les décideurs de la Ligue considèrent tous les supporters kabyles comme des criminels potentiels, et ce, en leur interdisant l'entrée dans tous les stades algériens selon des critères absurdes et régionalistes. Pourtant, nous avons perdu récemment une finale de Coupe d'Algérie en mai dernier, et nos joueurs, nos dirigeants et nos supporters se sont comportés dignement au stade de Blida, mais aussi sur le chemin du retour en Kabylie", s'insurge le président de la JSK, qui a d'ailleurs tenu à féliciter "les nombreux supporters kabyles qui se sont quand même déplacés à Bel-Abbès et qui ont été royalement accueillis par leurs frères belabbésiens". Nom Adresse email