Le ministère de l'Industrie vient d'élaborer un nouveau schéma de réorganisation du secteur public industriel. Dans un document de 20 pages, il montre les limites de la configuration actuelle. Elle risque, lit-on, d'hypothéquer la concrétisation des plans de développement des entreprises et d'annihiler totalement les efforts de relance industrielle. Les holdings — dénommés dans l'actuelle organisation du secteur public Sociétés de gestion et de participation de l'Etat (SGP) chapeautant plusieurs entreprises ou groupes d'entreprises — "entravent la célérité de prise de décision". Ce système est donc accusé de tous les maux. Adieu donc les SGP. Bonjour aux groupes industriels publics qui vont accaparer le gros des actifs du secteur public marchand. On est dans une logique d'émergence de champions industriels publics à l'instar de Saidal, Sider, Gica (cimenteries publiques), de compétitive des entreprises publiques. Dans cette philosophie, ces groupes industriels auront cette capacité d'absorber les gros montants financiers dégagés par l'Etat pour leurs investissements afin d'assurer leur développement. Ce qui n'est pas le cas, selon le document, avec les SGP : une portion congrue d'une manne de 600 milliards de dinars consentie par l'Etat pour booster les entreprises publiques a été consommée. La question est de savoir si cette nouvelle réorganisation permettra d'atteindre l'efficacité attendue des entreprises publiques et qu'elle ne risque pas de nouveau d'entraîner un gaspillage de l'argent du contribuable. Des observateurs attentifs à l'évolution de l'économie nationale sont sceptiques. Tant qu'on n'a pas défini les missions de l'Etat, tant que l'entreprise publique n'aura pas en clair une autonomie de gestion, qu'elle restera mise sous tutelle de l'Etat, étant une source de rente et non de création de richesses et d'emplois, il ne faut pas s'attendre à des résultats bénéfiques sur l'économie nationale. En ce sens, il ne faut pas oublier que l'enjeu du redéploiement du secteur public industriel est une contribution majeure à la ré-industrialisation du pays, si essentielle à la diversification de notre économie et à l'émergence d'une économie compétitive. On pointe du doigt avec cette orientation l'un des principaux remèdes à l'explosion de la facture importation et de notre forte dépendance aux hydrocarbures. Il ne faut pas oublier également qu'on s'est attaqué à une partie de l'équation. On n'est pas encore avec cette reconfiguration du secteur public dans une politique industrielle bien établie. Cette dernière devrait inclure public et privé, promouvoir les partenariats public-privé. Or, jusqu'à présent, il n'existe pas une vision claire sur la contribution de chaque acteur à l'émergence de cette économie compétitive ! Enfin, comment peut-on parler d'entreprise publique compétitive avec un salaire de P-DG de 7 à 8 millions de centimes par mois pour un objectif de chiffre d'affaires de dizaines de milliards de dinars. En un mot, on peut se demander si les conditions de réussite de cette nouvelle réorganisation sont réunies ? Pas sûr, quand on sait qu'on n'est pas encore parvenu à dépénaliser l'acte de gestion, trois années après la décision du chef de l'Etat.