Le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta, a encore réitéré son appel aux groupes du Nord "à faire montre de courage politique", à partir de la tribune de l'ONU, afin de parvenir à une solution globale et définitive à la crise de la région de l'Azawad. Tout comme il les a appelés à parler d'une seule voix afin de rendre le processus rapide et concluant. La médiation est optimiste quant à la suite du dialogue et à la signature d'un accord entre les groupes militaro-politiques du Nord et le gouvernement de Bamako. Mais sur le terrain, l'évolution de la situation sécuritaire commence à inquiéter les Nations unies. Considérablement réduits après l'opération Serval, les groupes terroristes sévissant dans la région nord du Mali, après avoir "disparu" et, pour une bonne partie d'entre eux, quitté le Mali, semblent revenir sur la scène. Alors que les forces Serval et celles de la Minusma avaient réussi à ramener un calme relatif à Tombouctou, Gao et Kidal, les attentats ont repris, menaçant de replonger le Nord dans des violences accrues. Sans grande intensité pour le moment, ces attentats ont néanmoins fait des morts parmi les civils et les militaires. En plus du terrain miné qui fait encore des victimes, les groupes terroristes osent désormais des attaques contre les soldats de Serval et de la Minusma. Ce qui a provoqué une certaine inquiétude aux Nations unies. C'est ce qu'a exprimé le responsable des opérations de maintien de la paix de l'ONU, Hervé Ladsous, qui a mis l'accent sur "la résurgence incontestable des jihadistes dans le Nord-Mali où plusieurs soldats de l'Onu ont été tués". Rien que pour le mois de septembre, dix soldats tchadiens ont été tués par les engins explosifs disséminés par les groupes terroristes sur plusieurs axes routiers. Et depuis la mise en place de la force de stabilisation et de maintien de la paix, la Minusma, en 2013, vingt Casques bleus ont été tués dans des attaques et une centaines d'autres ont été blessés. Le patron des opérations de maintien de la paix a demandé plus de moyens pour passer à une stratégie offensive. "Nous avons des troupes spéciales, des hélicoptères d'attaque — il en faut davantage —, pour une stratégie offensive", a-t-il dit. Autrement dit, la Minusma ne veut plus se contenter de défendre ses positions devant l'offensive des groupes terroristes, elle veut passer au mode attaque pour chasser ces groupes, ainsi que leurs alliés de la contrebande et du trafic de drogue. La posture passive semble intenable pour les soldats de l'ONU qui doivent se contenter de jouer à la police là où ils font face à des attaques. D'où cette idée d'étendre le champ de leur mission.