L'humiliation de l'armée malienne par le MNLA, qui lui a repris les villes de Kidal et Ménaka, était sur toutes les lèvres hier à Bamako. Le Mali est à nouveau en crise après la défaite de son armée face aux rebelles touareg dans le nord du pays. Une vingtaine de soldats maliens ont été tués et une trentaine blessés dans les combats, a reconnu le ministre de la Défense, Soumeylou Boubèye Maïga, à la télévision, qui a contesté la perte de Ménaka. Ce bilan est loin d'être similaire à celui dressé par un dirigeant du Mouvement national de libération de l'Azawad, qui parle de 40 soldats maliens tués et 70 faits prisonniers depuis le début des hostilités samedi dernier, ainsi que de la prise de dizaines de véhicules et de plusieurs tonnes d'armes et de munitions. De son côté, l'ONU indique qu'en plus de Kidal, les combattants MNLA ont pris Ménaka, une ville de 20 000 habitants située près de la frontière nigérienne dans l'est du Mali, à 660 km au sud par la route de Kidal, ce qui montre l'étendue de l'offensive rebelle contre l'armée. Le gouvernement malien s'est limité à admettre la défaite de l'armée à Kidal, tout en appelant à un "cessez-le-feu immédiat". "Nous avons toujours été ouverts au dialogue, à l'échange avec nos frères", a déclaré le président malien Ibrahim Boubacar Keïta. De son côté, Paris, qui dispose toujours de 1 600 soldats au Mali, a jugé "essentiel que les hostilités cessent et que des pourparlers démarrent". Idem pour le chef des opérations de maintien de la paix de l'ONU, Hervé Ladsous, lequel a appelé à "un cessez-le-feu" et au retour "à la situation antérieure". Pour rappel, les combats avaient éclaté le 17 mai à Kidal entre forces maliennes et groupes armés touareg, à l'occasion d'une visite du Premier ministre Moussa Mara. Environ 45 soldats français étaient présents mais leur rôle s'est borné à assurer la sécurité du Premier ministre malien. Pour Paris, qui compte quelque 1 700 soldats au Mali, les affrontements de Kidal sont une affaire de "sécurité intérieure" malienne, sans commune mesure avec les événements qui avaient justifié l'intervention des forces françaises en janvier 2013 alors que le nord du Mali était occupé par des groupes islamistes armés. "La situation est aujourd'hui très différente", a jugé jeudi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Romain Nadal, affirmant que la menace des "groupes terroristes" a été considérablement affaiblie. Pour le porte-parole de l'armée française, le colonel Gilles Jaron, "la force Serval n'a pas vocation à intervenir dans les questions de sécurité intérieure. C'est une force militaire tournée vers un adversaire, qui sont les groupes armés terroristes", insiste-t-il. Pour Paris, "Serval n'est pas au Mali pour faire du maintien de l'ordre", cette mission relevant des forces de sécurités maliennes appuyées par la force de l'ONU, relève une source diplomatique. La ville de Kidal, fief du MNLA, représente un défi de taille pour l'Etat malien, qui n'a jamais réussi à complètement y reprendre pied, malgré l'offensive lancée en 2013 par l'armée française qui a permis de libérer le nord du Mali de l'emprise de groupes islamistes. Les rebelles touareg réclament de longue date l'indépendance ou l'autonomie des vastes étendues désertiques du nord du Mali, et ont déjà mené plusieurs insurrections depuis les années 1960. M T Nom Adresse email