Plus d'un semaine après le lancement des frappes contre les positions de Daech en Irak et en Syrie, qui font, déjà, l'objet de polémique au sujet de leur efficacité réelle à freiner l'avancée des terroristes, le vice-président américain, Joe Biden, lance un pavé dans la mare. Il n'accuse pas moins la Turquie, les Emirats arabes unis et l'Arabie saoudite de financement de l'Etat islamique. Ecart de langage ou accusations dûment fondées ? C'est selon. En dépit des excuses de Joe Biden à Erdogan et les demandes de clarification des émirats, ce pavé a créé un climat de suspicion entre les alliés anti-Daech. Lors d'un discours, jeudi, sur la politique des Etats-Unis au Moyen-Orient à l'université de Harvard, M. Biden n'a pas mâché ses mots et pointé du doigt ses alliés arabes et turc pour leur implication directe avec les groupes "terroristes" en Syrie. "Notre plus gros problème était nos alliés dans la région, les Turcs sont de grands amis, ainsi que les Saoudiens et les résidents des Emirats arabes unis (EAU) et autres. Mais leur seul intérêt était de renverser le président syrien Bachar al-Assad, et pour cela, ils ont mené une guerre par procuration entre les sunnites et les chiites, et ils ont fourni des centaines de millions de dollars et des dizaines de milliers de tonnes d'armes à tous ceux qui acceptent de lutter contre Bachar al-Assad", a-t-il dit, selon le journal Hürriyet Daily News. M. Biden a, en outre, affirmé que M. Erdogan avait "admis son erreur à ce sujet", selon ce journal. Première réaction. Celle de la Turquie qui a dénoncé avec véhémence, samedi, les propos attribués au vice-président américain. "Si M. Biden a utilisé de tels propos, il deviendra quelqu'un du passé pour moi (...) Personne ne peut accuser la Turquie d'avoir soutenu une quelconque organisation terroriste en Syrie, y compris l'EI" (groupe Etat islamique), a insisté l'homme fort de Turquie. "Les combattants étrangers n'ont jamais emprunté la Turquie avec leurs armes pour entrer en Syrie", lui a encore répondu le chef de l'Etat turc, exhortant Joe Biden à s'"excuser" auprès de son pays. Il n'en fallait pas plus pour que le vice-président américain, Joe Biden, s'excuse, samedi, auprès du président turc, Recep Tayyip Erdogan. Selon un communiqué diffusé par la vice-présidence à Washington, M. Biden a appelé M. Erdogan pour "clarifier" ses propos. "Le vice-président a clairement fait valoir que les Etats-Unis valorisent les engagements et les sacrifices de nos alliés et partenaires dans la région dans leur combat contre ces groupes", ajoute le communiqué qui précise que "les deux dirigeants ont réaffirmé leur attachement à ce que la Turquie et les Etats-Unis travaillent ensemble pour combattre l'EI". Pour leur part, les Emirats arabes unis se sont étonnés des propos attribués au vice-président américain, Joe Biden. Ces propos sont "étonnants et ignorent le rôle des Emirats dans la lutte contre l'extrémisme et le terrorisme", a souligné, samedi, le ministre d'Etat aux Affaires étrangères, Anouar Guerguech. Ce dernier a demandé une clarification des propos de Joe Biden qui ont "donné une fausse impression sur le rôle des Emirats (...) au moment où ils soutiennent politiquement et effectivement les efforts destinés à venir à bout des terroristes". L'Arabie saoudite n'avait pas encore réagi hier à ces déclarations. Amar R.