Synthèse de Ghada Hamrouche Le pouvoir syrien semble avoir perdu toute raison. Accablé par les instances internationales, condamné par ses pairs arabes, isolé par la communauté internationale, il poursuit tout de même sa politique du tout répressif. La capitale Damas, qui jusque-là ne vibrait pas au rythme du reste du pays, commence à connaître des manifestations hostiles au régime d'al Assad au quotidien. Ce régime, accusé formellement de «crimes contre l'humanité» par l'ONU qui décompte plus de 4 000 morts en neuf mois, persistait hier, dans sa politique de la main de fer face aux manifestants déterminés à poursuivre leur lutte pour faire tomber le pouvoir. Outre le bilan macabre quotidien, l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) a fait état de «dissensions de militaires» dans la région de Homs. Jeudi dernier, des militaires dissidents ont tué huit personnes dans une attaque contre un siège des services de renseignements suivie d'affrontements dans la province d'Idleb. Deux militaires dissidents ont, en outre été tués par les tirs des forces de sécurité contre la voiture à bord de laquelle ils roulaient près de la frontière syro-turque, selon l'OSDH. Ces violences impliquant des déserteurs surviennent alors que le Conseil national syrien (CNS), qui regroupe une grande partie de l'opposition, et l'Armée syrienne libre (ASL), formée de déserteurs, ont convenu de coordonner leurs efforts contre le régime lors d'une rencontre lundi dernier en Turquie. A l'ouverture d'une session spéciale du Conseil des droits de l'homme (CDH) de l'ONU sur la situation en Syrie, Navi Pillay a évoqué le rapport accablant publié lundi dernier par la commission d'enquête mandatée par le Conseil faisant état de «crimes contre l'humanité» commis par les forces de sécurité syriennes. Un des experts de la commission a indiqué que les forces de sécurité syriennes avaient tué 56 enfants pour le seul mois de novembre, le plus meurtrier depuis le début des violences dans ce pays en mars. Par ailleurs, les Etats-Unis ont appelé une nouvelle fois le président syrien Bachar al-Assad à quitter le pouvoir. «La position des Etats-Unis sur la Syrie est claire : le régime syrien doit mettre fin à la répression contre son propre peuple et le président Assad doit quitter son poste», a déclaré le vice-président américain Joe Biden au journal turc Hürriyet, avant sa visite dans la capitale turque. «Une stabilité durable ne peut être assurée en Syrie qu'avec l'arrivée au pouvoir d'un gouvernement qui écoute et subvient aux besoins de son peuple au lieu de pointer sur lui une arme», a encore estimé Biden. Il a surtout insisté sur la «stabilité» de la Syrie, frontalière de la Turquie, pays allié des Etats-Unis, qui plus est membre de l'Otan, et important partenaire régional. Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a également demandé au président syrien de quitter le pouvoir, et annoncé mercredi dernier des sanctions contre le régime syrien, son ancien allié. L'Union européenne (UE) a prévu également de nouvelles sanctions, dont une interdiction d'exporter vers la Syrie des équipements à destination de l'industrie gazière et pétrolière ou des logiciels permettant la surveillance des communications internet et téléphoniques. Damas a riposté jeudi dernier en suspendant l'accord de libre-échange conclu avec la Turquie, et son adhésion à l'Union pour la Méditerranée (UPM), créée en juillet 2008 à l'initiative de la France. Plusieurs pays, dont les Etats-Unis et la Turquie, commencent actuellement à envisager sérieusement la possibilité d'une guerre civile en Syrie.