Avec les flux de migrants clandestins et les réfugiés des pays africains convergeant vers nos frontières, le risque devient réel. La menace d'épidémie par le virus Ebola plane-t-elle sur l'Algérie ? Avec la déclaration du ministre de la Santé, Abdelmalek Boudiaf, soulignant la "nécessité de mettre en place un dispositif renforcé aux postes-frontières", l'appréhension s'installe. Elle l'est d'autant plus qu'un premier cas vient d'être signalé (avant-hier) en Espagne. Il s'agit d'une aide-soignante espagnole, membre de l'équipe qui a soigné un missionnaire mort le 26 septembre à Madrid, devenant ainsi la première personne contaminée connue hors d'Afrique. Auparavant, on enregistrait pas moins de trois personnes ayant contracté ce virus dans des pays africains où elles étaient en mission ou en vacances avant de rentrer en France. Avec les flux de migrants clandestins et les réfugiés des pays africains convergeant vers nos frontières, le risque devient encore plus important. Et le ministre de la Santé le relève clairement dans sa déclaration faite, hier, en marge de sa visite à l'aéroport Houari-Boumediene et au port d'Alger. Tout en rappelant que son département "appliquait les recommandations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) liées à la lutte contre les virus Ebola et Corona", M. Boudiaf a mis l'accent sur les mesures "draconiennes" prises au niveau des postes-frontières du pays. Si le ministre a rassuré qu'"aucun cas du virus Ebola n'a été enregistré", il a, en revanche, insisté sur l'importance de mettre en place le dispositif préventif nécessaire au niveau de tous les postes-frontières du pays. Le P-DG de l'Entreprise de gestion des services et des infrastructures aéroportuaires, Tahar Allache, a, pour sa part, estimé nécessaire de coordonner les efforts entre les différents secteurs concernés pour la mise en œuvre du dispositif de prévention mis en place par le ministère de la Santé. À présent, l'équipe médicale en charge de l'opération au niveau de l'aéroport d'Alger, explique à ce titre le Dr Fatiha Allem, travaille "24/24h tout au long de l'année". Cette équipe, ajoute-t-elle, était prête à accueillir le premier groupe de hadjis attendu aujourd'hui. Si, au niveau des infrastructures portuaires et aéroportuaires, la gestion de cette situation de crise peut paraître "abordable", c'est loin d'être le cas au niveau des frontières traversées par des flux de migrants clandestins et de réfugiés plus que jamais importants. Les campements de fortune installés par ces derniers, un peu partout en Algérie, y compris dans la capitale, représentent aussi des lieux à hauts risques, qui nécessitent, donc, d'être surveillés de près. Face à l'avancée de l'épidémie en Afrique de l'Ouest, principalement en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone, on ne doit surtout pas "crier victoire", même si plusieurs mois après l'apparition de cette épidémie, aucun cas n'a été signalé. Selon un bilan de l'OMS arrêté au 1er octobre, l'épidémie d'Ebola, la plus meurtrière depuis l'émergence du virus en 1976, a déjà fait 3 439 morts en Afrique occidentale, sur 7 478 cas enregistrés dans cinq pays (Sierra Leone, Guinée, Liberia, Nigeria, Sénégal). Toujours selon l'OMS, la maladie est mortelle dans environ 70% des cas. L'infection se produit par le contact direct avec les liquides organiques (sang, liquides biologiques ou sécrétion). La période d'incubation va de 2 à 21 jours. Durant cette période, le patient n'est pas contagieux. Il le devient à partir du moment où des symptômes se manifestent. Il est possible, dixit l'OMS, de dire qu'il n'y a plus de transmission d'Ebola dans un pays "42 jours après le dernier cas enregistré".