Le laisser-faire Les compagnies pétrolières étrangères manifestent un désintérêt pour l'Algérie. L'indice le plus éloquent de cette désaffection est l'échec du quatrième appel d'offres : 4 périmètres attribués sur 31 et 5 offres seulement déposées. Le cycle de résultats médiocres depuis 2008 s'est poursuivi. On avait atteint le pic en 2005 sous la loi 86-14. Avec la nouvelle loi sur les hydrocarbures et les amendements de 2006, on a assisté à une régression. Les compagnies étrangères n'avaient plus la visibilité en termes de rentabilité des projets d'exploration proposés. Les changements réglementaires de 2013 n'ont pas changé les choses. C'est encore compliqué, soutiennent des représentants de compagnies étrangères, à propos du nouveau cadre réglementaire qui encadre le secteur des hydrocarbures. À cela s'ajoutent des périmètres proposés peu attractifs, l'instabilité juridique qui suscite la méfiance et la concurrence d'autres pays, notamment en Afrique, ainsi que les lenteurs liées à la prise de décision à la fois par Sonatrach, Alnaft, et au plus haut niveau de l'Etat. L'un des indices de cette indécision est le temps pris pour publier tous les textes d'application. Alors que les changements ont été promulgués en 2013, le processus inhérent à l'appel d'offres était lancé en janvier 2014, en juin 2014, tous les textes d'application n'étaient pas encore parus dans le Journal officiel. Ce qui n'avait pas permis aux compagnies étrangères d'évaluer à cette période l'économie des projets, d'où leurs hésitations à soumissionner pour les 31 périmètres proposés. Mais le partenariat avec les compagnies étrangères est-il incontournable ? Les professionnels du secteur disent oui. Car il permet le partage des risques. En outre, il favorise le transfert de savoir-faire. Mais ce recours, de plus en plus important aux moyens étrangers, résulte, il faut le reconnaître, d'un manque de capitalisation des connaissances et d'exploitation non optimale des gisements. Aujourd'hui, ce partenariat revêt une grande importance. Car il permet d'accélérer le développement de nos réserves de pétrole et de gaz. Etant en panne aujourd'hui, on voit mal comment Sonatrach pourra rapidement augmenter sa production, renouveler ses réserves et faire face à la fois à la croissance importante de la demande domestique ainsi qu'à l'impératif de maintenir et d'accroître ses parts de marché dans le monde. À moins de se remettre en cause et d'appliquer les remèdes qui permettent de mettre fin à ce peu d'engouement des compagnies pétrolières internationales pour le domaine minier national. Les négociations bilatérales avec les compagnies étrangères ayant les technologies appropriées à nos gisements pourraient contribuer à débloquer la situation. Mais, il ne faut pas oublier que la révolution doit s'effectuer en interne. Sonatrach, sans négliger l'apport du partenariat, devra d'abord compter sur ses propres moyens : le renforcement de ses ressources humaines, de ses capacités d'ingénierie et d'expertise, l'appel aux compétences nationales et l'amorce d'une politique d'intégration industrielle. En un mot, commencer à fabriquer les équipements pétroliers localement, seuls ou en partenariat avec des sociétés algériennes ou étrangères. Encore faut-il que Sonatrach sorte de la crise dans laquelle elle se morfond depuis quatre ans. Mais là, la solution reste politique. Entre le laisser-faire actuel qui mènera le pays à la catastrophe et des mesures énergiques pour inverser ces tendances, le choix paraît clair. n