Après avoir arraché de haute lutte, la saison dernière, le titre très envié de vice-champion d'Algérie qui devait lui permettre de retrouver, cette année, la prestigieuse Ligue des champions africaine, la JS Kabylie aura préparé minutieusement cette nouvelle saison. Il est vrai que le présent exercice s'annonçait des plus prometteurs sur le double plan national et continental. Partant de là, les dirigeants kabyles, à leur tête le président Hannachi, n'auront pas lésiné sur les moyens financiers, durant tout l'été, pour se permettre un recrutement tous azimuts, puisque 12 nouveaux joueurs ont été recrutés en prévision de la nouvelle aventure africaine. Des valeurs sûres comme le gardien international Azzedine Doukha, les Sétifiens Delhoum, Ziti et Ferrahi, l'ex-milieu de terrain belouizdadi Meguehout, l'ex-Usmiste Benamara et les deux Chaouis Khiat et Youcef-Khodja, pour ne citer que ceux-là, sans oublier les deux nouvelles recrues étrangères, à savoir le Mauritanien Ahmed Moulay Khalil et l'Irakien Mohanned Kerrar, sont venus renforcer considérablement l'effectif kabyle qui comptait déjà des valeurs sûres, comme Rial, Benlamri, Mekaoui, Aiboud, Yesli et le baroudeur camerounais Ebossé Bodjongo. Après une première sortie victorieuse à Oran face au MCO (2-1), les supporters kabyles caressaient déjà un rêve fou de voir la JSK réussir un parcours exceptionnel cette saison. Mais il y eut malheureusement le mauvais sort qui était au rendez-vous et la disparition tragique du regretté Ebossé lors du second match de la saison, disputé le 23 août à Tizi Ouzou contre l'USM Alger, et qui aura entraîné un véritable séisme au cœur du Djurdjura. Outre la perte tragique d'un joueur adulé et d'un pion essentiel dans son échiquier, la JSK allait essuyer les foudres de guerre de la part de la FAF, de la LFP et, comble de malheur, même de la part de la Confédération africaine de football (CAF). Interdit de stade et de public depuis cette fameuse soirée endeuillée du 23 août, la formation kabyle aura vécu des moments très difficiles, car ballottée entre le nomadisme hors de ses bases et l'injustice des hautes instances footballistiques algériennes et africaines. Dans une telle zone de turbulences, le vaisseau kabyle aura tangué dangereusement ces dernières semaines, et le départ précipité du coach belge Hugo Broos, qui avait démissionné après 5 matchs de championnat pour incompatibilité d'humeur avec le président Hannachi, n'a fait que compliquer davantage la situation. Après avoir réussi la gageure de remporter trois victoires consécutives en déplacement, soit à Oran face au (2-1), puis à Bel-Abbès (2-0) et enfin à Alger face au NAHD (2-1), les Canaris ont totalement sombré ces trois dernières semaines, en consommant 3 défaites consécutives face à la JS Saoura (1-0), au Mouloudia d'El-Eulma (3-2) et à l'ASM Oran (2-0). Comme quoi, après l'euphorie de début de saison, la JSK fait face à une tornade incroyable, d'autant plus que la CAF a encore enfoncé le clou en suspendant le club kabyle de toutes compétitions africaines pour une durée de deux années, sans lui permettre d'introduire la moindre procédure de recours. "C'est à croire que les instances du football algérien ont profité de l'affaire Ebossé pour régler leurs comptes avec la JSK et le président Hannachi", tel est la rengaine qui fait le tour des chaumières de Kabylie, où des milliers de supporters n'auront pas avalé toute la bourrasque qui s'est abattue ces dernières semaines sur leur club préféré, surtout que même les supporters kabyles sont interdits de déplacement avec leur équipe, dès lors qu'elle est appelée à évoluer à l'extérieur. "Nous sommes persuadés que les hautes sphères du football algérien veulent casser notre cher club, la JSK, qui constitue pourtant un véritable patrimoine du sport algérien", diront quelques membres du comité de supporters qui se sont réunis cette semaine pour rédiger une lettre revendicative à transmettre au ministre de la Jeunesse et des Sports et au chef du gouvernement pour tirer la sonnette d'alarme. Entre-temps, les dirigeants kabyles ont fait venir un nouvel entraîneur étranger, en l'occurrence le Français François Ciccolini, dans l'espoir de redresser quelque peu la barre et tenter d'arrêter la dangereuse dérive. "J'ai passé trois semaines très pénibles pour assurer l'intérim, et j'espère que l'arrivée du nouvel entraîneur va permettre de déclencher le déclic tant attendu", a déclaré, vendredi soir au stade du 20- Août, Mourad Karouf, à la fin de ce match épouvantable contre l'ASM Oran. De son côté, l'entraîneur corse, qui est arrivé la veille du match, a assisté à la débâcle consommée face à l'ASMO, et il aura constaté de visu l'énorme chantier qui l'attend. "Décidément, tout est à refaire dans cette équipe, car outre la condition physique qui laisse réellement à désirer, le moral des troupes a pris un sacré coup, et il va falloir retrousser sérieusement les manches pour redresser le bateau", dira le nouvel entraîneur, qui attend donc le retour du président Hannachi, parti se soigner en France, pour arrêter la stratégie nécessaire afin d'entamer la véritable révolution qui s'impose.