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Sharon humilié
Le Likoud dit non au plan de séparation de la bande de Gaza
Publié dans Liberté le 04 - 05 - 2004

Véritable déroute pour Ariel Sharon, qui perd ainsi le contrôle de son parti. Acceptera-t-il de revenir maintenant à la “feuille de route� du quartette international ?
Par 59,5% les 200 000 membres du Likoud ont rejeté le plan de séparation de la bande de Gaza préconisé par le boucher de Sabra et Chatilla. Les craintes de Sharon de voir son projet refusé étaient donc fondées. Toutes ses menaces, y compris l’éventualité de recourir à des élections législatives anticipées qui pourraient coûter le pouvoir au Likoud, n’ont pas dissuadé ses adversaires. Ceux-ci plus extrémistes que lui s’accrochent plus que jamais au rêve du “Grand Israël�. Par ce vote, ils confirment leur rejet de la création d’un État palestinien. En réaction, Sharon a affirmé qu’il respecterait ce choix. Il n’a cependant rien laissé filtrer sur ses actions à venir se contentant de dire qu’il allait “procéder à des consultations dans les prochains jours avec les ministres, le Likoud et les partis de la coalition�.
Côté opposition, Shimon Pérès, le chef de file du parti travailliste n’a pas raté l’occasion pour demander des élections législatives anticipées. “Ce rejet signifie qu’une minorité dans le pays impose ses volontés à la majorité et la seule façon de s’en sortir ce sont des élections anticipées�, a déclaré Pérès à la presse. Selon lui, le cuisant échec d’Ariel Sharon allait “placer Israël dans une situation intenable du point de vue international�. Les travaillistes ne perdent pas de temps et s’apprêtent à déposer un projet de dissolution de la Knesset par le député Eitan Cabel. Ce camouflet est également destiné au président américain, qui avait pris le risque de soutenir l’initiative d’Ariel Sharon avant même que ce dernier n’obtienne l’aval de son propre parti politique. Cela montre les nombreuses erreurs de jugement du patron de la Maison-Blanche dans la gestion du dossier du Proche-Orient. En effet, le soutien sans réserves de George Bush au projet avait soulevé un tollé dans la région, notamment du côté des Palestiniens, qui y ont vu un coup d’arrêt à la “feuille de route� du quartette international. Le désaveu cinglant infligé à Sharon devrait donner à réfléchir à Bush. C’est peut-être le moment ou jamais de revenir à la “feuille de route� du quartette et de l’imposer aux parties concernées, qui l’avaient acceptée dans un premier temps, avant que Sharon ne mette sur la table son projet de séparation de la bande de Gaza. Le premier souci du Chef du gouvernement israélien aujourd’hui est de sauver sa tête d’abord, avant de songer à trouver comment sauver son plan. Selon les observateurs, trois options s’offrent encore à Ariel Sharon, et la plus plausible serait l’organisation d’un référendum national, car d’après certains sondages l’opinion publique israélienne est favorable dans l’ensemble au plan d’évacuation de la bande de Gaza. Les deux autres options sont le remodelage du projet et un remaniement du gouvernement. Cette dernière possibilité consisterait à écarter du cabinet les ministres du Likoud qui ont ouvertement défié Sharon. Du pain sur la planche pour le Premier ministre israélien, harcelé de toutes parts, y compris par la justice qui pourrait l’inculper dans les tous prochains jours dans l’affaire de corruption où il est impliqué avec ses deux fils.
K. A.


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