Lisbonne a basculé dans l'allégresse dimanche soir après la victoire du Portugal contre l'Espagne (1-0), au stade Alvalade en 3e journée du 1er tour, groupe A, un succès synonyme de qualification pour les quarts de finale de “son” Euro 2004 de football. Dans la capitale portugaise, la place centrale du Rossio, envahie par les supporters espagnols avant le match, s'est rapidement remplie de Portugais agitant écharpes et drapeaux et hurlant “Portugal, Portugal !” Un groupe de femmes du quartier populaire de Santos, qui s'étaient spontanément regroupées à l'issue du match, agitait un immense drapeau sur la place. “Nous sommes venues fêter la victoire du Portugal, nous avons toujours cru en la victoire”, disait l'une d'entre elles, Fatima. Au parc des Nations, sur l'ancien site de l'Exposition Universelle, plus de 10 000 supporters qui avaient assisté à la retransmission sur écran géant ont fêté la victoire dans les bars dans une ambiance de liesse. Vêtus aux couleurs de la sélection — le rouge et le vert —, agitant des drapeaux et des écharpes, tous n'avaient que deux mots à la bouche: “Portugal olé, Portugal olé !”. “C'est merveilleux, c'est l'un des plus beaux jours de ma vie”, affirmait Ricardo, un jeune Lisboète de 24 ans, le visage recouvert de rouge et vert. “Le Portugal mérite la victoire, ils ont vraiment très bien joué, nous avons à peine vu les Espagnols”, se réjouissait même Adam Trevis, un supporter anglais. Les Lisboètes s'étaient déplacés en masse au parc des Nations, au point que trois heures avant le début du match, l'enceinte était déjà fermée. Assis à même le sol, ils n'ont cessé d'encourager leur équipe, entonnant des chants de soutien et ne doutant manifestement pas un instant de la victoire finale. Le but marqué par l'attaquant Nuno Gomes un peu avant l'heure de jeu provoquait logiquement une explosion de joie qui durera jusqu'à la fin du match. Debout, agitant écharpes et drapeaux, les Lisboètes, le regard fixé vers l'écran, attendaient impatiemment le coup de sifflet final. “Si nos continuons à jouer comme nous avons joué ce soir (dimanche soir), nous sommes capables d'aller très loin, de gagner l'Euro et surtout de battre la France”, le champion d'Europe en titre contre qui le Portugal a perdu en demi-finale de la précédente édition, affirmait Rui, un père accompagné de ses deux enfants également vêtus aux couleurs de la sélection. Dans le centre-ville, dès la fin du match, des Lisboètes sont sortis sur leur balcon pour entamer un concert de casseroles, tandis que des milliers de klaxons résonnaient. Dès le but marqué par Nuno Gomes, les tramways historiques de Lisbonne avaient fait retentir leurs sonneries. “Nous méritions de gagner, nous avons toujours dominé le jeu”, indiquait encore Hugo Soares, 24 ans, qui avaient suivi le match dans un café du centre-ville avec des amis étudiants. “Avec l'aide de Dieu nous irons loin”, estimait quant à lui le Premier ministre portugais, José Manuel Durao Barroso, exultant à l'issue du match, tout en manifestant un regret: “Je souhaitais que l'Espagne se qualifie aussi.” Comme une dernière note amicale entre les frères ennemis.