La santé financière des grands complexes industriels de la wilaya de Tizi Ouzou (Cotitex, Eniem et Enel) est de plus en plus préoccupante. Que faut-il retenir de la visite effectuée, hier, autrement dit à la veille de l'Aïd, par le ministre de l'Industrie, M. Hachemi Djaâboub, dans la wilaya de Tizi Ouzou, si ce n'est qu'il aurait été certainement plus judicieux de programmer en d'autres circonstances une visite aussi importante dans une wilaya où de grands fleurons de l'industrie algérienne — le complexe textile de la Cotitex de Draâ Ben Khedda, le complexe d'appareils électroménagers de l'Eniem de Oued Aïssi et l'unité de fabrication de transformateurs et de moteurs électriques de l'Enel à Azazga — sont confrontés à des situations financières inextricables malgré tous les efforts entrepris par leurs gestionnaires et leurs travailleurs. C'est donc avec l'esprit plutôt préoccupé par les achats de l'Aïd et les grands départs des jours de fête que les gestionnaires et les travailleurs de ces différentes entreprises publiques ont daigné recevoir leur ministre de tutelle pour exposer, pour la énième fois, leurs problèmes d'endettement bancaire, d'approvisionnement en matières premières, de charges fiscales et, surtout, des graves conséquences commerciales imposées par une économie de bazar à l'effet tout simplement dévastateur. Avec un endettement de près de dix milliards de dinars et un tissu qui se vend plutôt mal, des machines vétustes et une masse salariale conséquente mais irrégulière, le complexe textile de Draâ Ben Khedda est au bord de l'agonie. Il est sûrement temps de se pencher sérieusement sur l'avenir de ce géant de l'industrie textile qui faisait vivre près de 10 000 travailleurs, il y a une vingtaine d'années, et qui n'arrive plus à subvenir aux besoins de ses 1 900 travailleurs au revenu mensuel toujours aussi incertain. D'ailleurs, l'on a attendu la visite du ministre de tutelle pour leur verser une avance de salaire du mois d'octobre dernier, car les temps sont réellement difficiles. Le même constat a été enregistré au complexe d'appareils électroménagers de Oued Aïssi, qui continue à lutter de toutes ses forces pour assurer sa survie. Après avoir été la fierté de l'industrie algérienne, même sur le plan international, ne serait-ce que pour avoir exporté ses produits électroménagers, pour être ensuite la première entreprise algérienne à décrocher la certification ISO 9002 depuis juillet 1998, l'Eniem est toujours lourdement endettée et tente tant bien que mal d'alléger sa dette énorme, évaluée à 12 milliards de dinars, ainsi que ses charges fiscales considérables qui entravent sérieusement tous les sacrifices consentis pour le redressement souhaité de cet empire industriel qui a grandement compressé ses effectifs, depuis quelques années, jusqu'à les réduire à moins de 3 000 travailleurs. En espérant encore recouvrer des créances importantes de l'ordre de 145 millions de dinars à l'actif des Aswak et des Galeries, déjà dissoutes, pourtant garanties par le Trésor, l'Eniem tente de redresser la situation au moyen d'une production régulière et soucieuse du rapport qualité-prix. Ce sont certainement là autant de problèmes épineux qui auraient mérité une attention particulière et certainement beaucoup plus qu'une simple visite d'inspection en cette fin de ramadhan. M. H.