L'emploi précaire, saisonnier s'est élargi ces dernières années. La question de l'emploi a été a débattue lors d'un colloque international, organisé par le Centre de recherche en économie appliquée pour le développement (Cread), à l'hôtel El-Riadh d'Alger. Pour les organisateurs, les politiques alternatives d'emploi expérimentées en Afrique du Nord n'ont pas permis encore de réduire sensiblement le chômage. L'Algérie affiche le taux de chômage le plus élevé de la rive sud de la Méditerranée. Pourtant, ce ne sont pas les dispositifs de lutte contre ce fléau ni les fonds débloqués à cet effet qui ont manqué. Seulement, à l'exception de la formule Ansej, les dispositifs de lutte contre le chômage expérimentés par les pouvoirs publics sont des mesures passives qui visent à occuper temporairement les chômeurs et trouver des formules pour distribuer des revenus. Les chercheurs du Cread soulignent que la demande d'emploi est appelée à connaître une forte croissance au cours des prochaines années en raison de facteurs démographiques connus, mais aussi des dysfonctionnements du système éducatif qui renvoie prématurément des cohortes de jeunes de plus en plus nombreux sans qualification. Selon eux, les conséquences de la baisse du taux de croissance démographique au cours de la dernière décennie ne se feront sentir que dans une vingtaine d'années. Selon des chercheurs, les salariés représentaient presque 75% de la population occupée en 1992, et seulement 65% en 2003. “En réalité, la chute du poids des salariés est encore plus importante”, souligne-t-on. En effet, les salariés permanents ont perdu 16 points entre 1992 et 2003. Le phénomène de dépermanisation s'est accéléré au cours des dernières années. Ce mouvement s'est également accompagné d'une baisse importante du poids des salaires dans le PIB qui ne dépasse pas 22% en 2003, alors qu'il avait atteint 40% en 1986. Ce niveau est nettement inférieur à celui des pays du Maghreb (Tunisie 37%, Maroc 30%) et sans comparaison à celui des pays développés (France 52%). Mais l'analyse en terme d'économie non pétrolière ramène ce taux à 35%, taux comparable à celui des pays voisins, bien que nettement inférieur au taux de 51% enregistré en 1983. L'effondrement du salariat, explique-t-on, est à lier à la baisse importante du poids de l'emploi industriel qui représentait 13,40% en 1990 et seulement 8,90% en 2003 de l'emploi global structuré. En termes absolus, le secteur industriel a perdu 7,5% de ses effectifs au cours de cette période. La deuxième tendance relevée par un chercheur concerne “la ruralisation de l'emploi alors que le taux d'urbanisation de la population a connu une croissance très importante. La population urbaine est passée de 50% en 1987 à 62% en 2002, mais l'emploi urbain a reculé de manière importante puisqu'il est passé de 75,4% à 58% au cours de la même période. L'emploi rural a connu une croissance nettement plus élevée 177% que l'emploi urbain 26% entre 1987 et 2003. Le dynamisme de l'agriculture qui occupe 27% de l'emploi structuré explique largement cette évolution”. M. R.