La CIA a omis de transmettre au président américain George W. Bush des informations fournies par des proches de scientifiques irakiens sur l'abandon par Bagdad de son programme de développement d'armes de destruction massive, a affirmé lundi passé le New York Times. Le journal, citant des responsables gouvernementaux anonymes, précise dans sa version en ligne que ce dysfonctionnement de l'agence américaine de renseignement avait été découvert par une commission spécialisée du sénat. La CIA avait conduit avant le déclenchement de la guerre contre le régime de Saddam Hussein un programme secret d'interrogatoires des proches de scientifiques irakiens, mais n'avaient pas ensuite transmis leurs déclarations au président ou à d'autres membres de l'exécutif américain, indique le journal. La commission du sénat a ouvert une enquête sur l'utilisation faite par l'exécutif des informations fournies par les services de renseignement avant la guerre après qu'Américains et Britanniques eurent échoué à découvrir en Irak des armes de destruction massive, dont l'existence présumée avait été utilisée pour justifier le déclenchement des hostilités. Le rapport de la commission sénatoriale du renseignement, qui devrait être rendu public cette semaine, contiendra certainement une mise en cause cinglante de la CIA et de ses dirigeants, pour ne pas avoir reconnu que les éléments en leur possession ne justifiaient pas l'accusation qu'ils ont porté contre le régime de Saddam Hussein de détenir des armes de destruction massive, ajoute le New York Times. Les responsables de la CIA ont minimisé l'importance des informations fournies par les proches des scientifiques irakiens, soulignant que seuls quelques uns avaient affirmé que les programmes de développement d'ADM avaient été abandonnés, selon le journal. La conclusion de la commission du sénat est que la CIA et le reste de la communauté du renseignement ont fait un bien mauvais travail dans la collecte d'informations sur l'état des programmes d'ADM irakiens et un travail encore pire dans l'analyse des renseignements recueillis, affirme le New York Times. Le rapport, selon le journal, cite des cas de déformation des informations afin qu'elles corroborent la thèse que l'Irak avait bien des programmes chimique, biologique et nucléaire. Le sénat a ainsi découvert, ajoute le journal, qu'un transfuge irakien, qui aurait soi-disant fourni des preuves de l'existence d'un programme d'armes biologiques, avait en fait déclaré tout ignorer d'un tel programme. Un autre cas, cité par le rapport sénatorial, concerne la saisie d'une cargaison de tubes en aluminium destinés à l'Irak qui a été considérée comme une preuve que Bagdad tentait de fabriquer une bombe atomique, ce qui a conduit la commission du sénat à se demander si la CIA n'était pas devenu l'avocat (d'une cause) plutôt qu'un observateur objectif. Mais, selon le New York Times, la commission n'a pas trouvé d'indications que les analyses de la CIA avaient été modifiées à la suite de pressions politiques de la Maison-Blanche.