Les familles des trois marins pêcheurs de Dellys disparus, il y a plus de 15 jours, au large de Zemmouri, continuent de vivre des moments pénibles et particulièrement éprouvants. Leur inquiétude et leur amertume se sont exacerbées par les lenteurs enregistrées pour récupérer les corps de Toufik, 36 ans, Saïd, 48 ans, et Rachid, 40 ans, qui se trouvent toujours coincés, selon plusieurs témoignages, dans le chalutier. Les tentatives timides et parfois improvisées opérées jusqu'ici, pour remonter l'embarcation qui se trouve à 290 mètres au fond de la mer, n'ont donné aucun résultat. La fameuse corde de 300 mètres, offerte par un armateur espagnol aux pêcheurs et sur laquelle tous les espoirs étaient fondés, s'est avérée inutile. “Il est impossible de tirer le chalutier qui se trouve écrasé par le poids de l'eau, évalué à 22 300 tonnes”, nous a-t-on expliqué. Alors, pourquoi avoir gaspillé tant d'énergie et de temps (une semaine), pour une corde sans intérêt, et pourquoi maintenant seulement qu'on nous balance cette “histoire” de poids, se sont s'interrogés les nombreux pêcheurs rencontrés, hier, à Zemmouri. Aux yeux de certains d'entre eux, la gestion de cette affaire a été mal engagée, il aurait fallu, selon eux, établir une étude sérieuse au préalable avant d'envisager les moyens à mobiliser, quitte à faire appel à des équipes de sauvetage étrangères. “Le directeur de la pêche de la wilaya et le responsable des garde-côtes n'ont ménagé aucun effort pour tenter de trouver une solution à cette situation, ils sont avec nous chaque jour mais c'est un problème qui les dépassent”, affirme un pêcheur de Dellys, visiblement très déçu par la gestion de cette affaire. “Les hautes autorités du pays doivent intervenir pour demander des secours étrangers”, ajoute un autre. Pendant ce temps, les familles des pêcheurs disparus commencent à s'inquiéter. Farouk, 7 ans, Bilal, 4, ans et leur mère, avec son un bébé de 1 mois, restent toujours accrochés à leur portable en attente d'un appel en provenance de Toufik, le chef de famille, propriétaire du chalutier, qui figure parmi les trois victimes du naufrage. Sa femme, le visage fade et le regard ailleurs, ne croit pas un instant à la disparition de son mari, considéré par tous comme un capitaine chevronné. Elle garde toujours l'espoir de revoir son mari et ses collègues vivants. De nombreux citoyens, voisins et amis des pêcheurs disparus continuent à affluer aux domiciles de leurs parents pour les consoler et atténuer leur douleur. Rabah, le frère de Toufik, ne dort plus. Nous l'avons rencontré, avant-hier, à Zemmouri. Le visage éteint, les traits tirés et le regard lointain, Rabah n'a qu'un seul vœu : récupérer le corps de son frère, celui de son cousin et leur compagnon pour les enterrer dans leur village. M. T.