Abstraction faite du résultat de la finale du 50 m nage libre d'hier, Salim Ilès fait désormais partie des meilleurs de sa spécialité, le sprint en natation. Arrivé à Athènes au sommet de sa forme physique après l'excellente préparation effectuée sous la houlette de son entraîneur français pendant six mois environ à San Antonio au Texas, le chef de file de la natation algérienne a montré de quoi il est capable. Qu'importe le résultat de la finale du 50 m nage libre, l'objectif de ce nageur est doublement atteint. La médaille ne constitue que la cerise sur le gâteau. Son classement en finale du 100 m nage libre ne peut être considéré comme un échec tant la différence entre lui et les autres concurrents est trop énorme sur le plan des moyens de préparation et de récupération mis à leur disposition. Avec un minimum de moyens, il s'est hissé au niveau des ténors du sprint de la natation mondiale. Aujourd'hui, sa place aux côtés des Alexander Popov et autres Pieter Van Hoogenband ne constitue une surprise pour personne. Les spécialistes de la discipline vous diront que Salim Ilès aurait certainement réalisé de meilleures performances pour peu qu'il ait eu à sa disposition des moyens similaires à ses rivaux. À sa sortie du bassin à l'issue de la demi-finale du 50 m nage libre, Salim Ilès dira : “Vous savez à ce niveau de la compétition, il est hasardeux de faire un quelconque pronostic tant l'issue de la course est tributaire de nombreux facteurs, tant la course est rapide.” En effet, en un peu plus de deux secondes et tout est terminé. “Moi, je sais une chose, j'essayerai de prendre le maximum de précautions pour être dans le coup. Quant à l'issue de la course, comme vous pouvez terminer premier où second, il n'est pas exclu aussi que vous finissiez bon dernier”, nous expliquera Salim Ilès. C'est dire le degré de maturité atteint par ce nageur hors pair, qui aurait pu servir de véritable locomotive à la natation algérienne. Malheureusement, il demeure l'arbre qui cache la forêt. Ceci dit cela n'ôte rien à son mérite et sa classe. À Athènes, il constitue l'une des fiertés de l'Algérie. Il suffit de voir la considération que lui vouent tous ses adversaires pour se rendre compte de sa valeur. De grands nageurs ont laissé des plumes dans ces épreuves de natation, à l'instar d'Alexander Popov éliminé en demi-finale du 100 m nage libre, et du médaillé d'or de cette distance, le Hollandais Pieter Van Hoogenband, éliminé lui aussi de la finale du 50 m nage libre. C'est d'ailleurs l'argument de Salim Ilès pour justifier les résultats dans sa spécialité. “Vous avez vu, hier c'est Popov qui a été éliminé et aujourd'hui c'est Van Hoogenband. Alors comment voulez-vous que je me hasarde à faire un pronostic pour le 50 m ? Tout peut arriver”, a-t-il conclu. C'est toute l'humilité d'un grand champion. K. A.