L'été finissant, des acteurs sociaux et politiques se croient, après une longue hibernation estivale, obligés de se rappeler à notre bon souvenir. Il faut bien qu'ils justifient l'encombrement budgétaire et médiatique dont ils se rendent responsables. Le pouvoir, lui, a profité de cette vacance de vie publique pour entreprendre la normalisation programmée pour l'après-8 avril. Prioritairement ciblée, la presse a fait les frais de la disponibilité d'un pouvoir qui fut, pour cet été, plutôt consciencieusement appliqué. La démission du général Lamari, dissimulée jusqu'aux vacances, pouvait être enfin divulguée sans prêter aux décryptages politiques qu'elle impose. La suspension du Matin s'est transformée en mise à mort de l'importun quotidien et que les journalistes qui incommodent commencent à être mis à l'ombre et pour longtemps qu'on ne pouvait l'envisager. Le Chef du gouvernement, assidûment soucieux de parachever l'œuvre d'éradication de la libre expression, a exploité le sommeil des vigiles politiques saisonniers pour préciser sa conception monopolistique du marché de la communication. Le pouvoir s'est ouvertement réapproprié l'arme financière et politique de la publicité. Les mouvements de walis ont pu être apprêtés de la sorte qu'ils récompensent le plus justement possible les contributions locales au résultat électoral. Les permutations de diplomates se sont réalisées dans la discrétion qu'assure la saison chaude et la vacuité d'une opinion publique très attachée à son repos estival. La période de détente fut une saison faste pour le régime : il en a usé comme un temps de trêve d'opposition et de vigilance pour mettre en œuvre les réformes les plus urgentes pour asseoir l'autoritarisme annoncé. S'il restait quelque doute sur le refus de Bouteflika d'être “un trois quarts de président”, le voici enfin confirmé dans sa réalité de président “complet”. En fait, cette prééminence présidentielle conquise, qui procède plus de l'hégémonie politique que du recouvrement de prérogatives, étant en marche depuis bien avant la victoire électorale du président. Elle a été proclamée, financée et combinée en pleine campagne électorale. C'est donc naturellement qu'on assiste à son actuelle mise en œuvre. La torpeur et l'inclination saisonnière au farniente de tout ce qui pouvait faire contrepouvoir n'ont fait qu'y aider. Au demeurant, l'opposition virtuelle qui avait déjà sous-traité la contestation aux mouvements citoyens et à la presse, avait, depuis le scrutin présidentiel, démissionné de sa fonction protestataire. La rentrée n'apportera donc pas plus de contradiction au travail de normalisation du régime. À peine quelques gesticulations syndicales et politiques que commandent ces nouveaux métiers de gagne-pain public. M. H.