Le RND a clos, hier en fin de matinée, son université d'été qui s'est déroulée pendant trois jours à l'université des Frères-Mentouri de Constantine. Cette rencontre devrait être une occasion pour insuffler aux jeunes adhérents et sympathisants du parti quelques règles de militantisme et surtout leur clarifier, ainsi qu'à l'opinion publique, les positions politiques du parti. Au-delà des désagréments d'un manque édifiant d'organisation, les cadres du Rassemblement, à leur tête le secrétaire général, Ahmed Ouyahia, se sont embourbés tantôt dans des discours sibyllins, tantôt dans une exagération du poids du parti dans l'échiquier politique. Lors de son discours de clôture, Abdelkader Bensalah, membre fondateur du RND et non moins président du Conseil de la nation, a rappelé que son parti a “fortement participé à sauvegarder la République du complot islamiste et à restaurer la stabilité”. Il a aussitôt enchaîné en disant : “Nous sommes venus à l'université d'été pour attester que nous ne sommes pas seulement une machine électorale (référence aux élections législatives et locales de 1997, ndlr), mais un parti qui existe. Le RND va bien (…), sa mission n'est pas achevée.” La précision sonne davantage comme une mise au point. À qui et pourquoi ? Il ne fallait pas s'attendre à de plus amples détails de la part du deuxième personnage de l'Etat. Pourtant, il a participé, sciemment ou malgré lui, à conforter le sentiment de malaise qui se dégageait de la rencontre. Le malaise d'un parti, participant au pouvoir, vis-à-vis d'une partie de ce pouvoir. Ahmed Ouyahia a clamé, pendant deux jours, si haut et si fort son soutien indéfectible au chef de l'Etat, qu'il a fini par donner l'impression de vouloir dissimuler une situation, qui commence à se profiler au grand jour. La preuve est qu'il s'est montré prompt à démentir la rumeur qui le donnait partant de la tête du gouvernement alors qu'il aurait pu laisser le temps de donner tort aux allégations. Le secrétaire général du RND a choisi, en outre, de discourir sur la réconciliation nationale sans chercher réellement à sortir le concept du flou qui l'entoure. À croire qu'il a fait exprès de présenter la démarche, portée par le président Bouteflika, sous son aspect le moins flatteur, ou par euphémisme le moins compréhensible. En marge des travaux de l'université d'été, les cadres du parti n'ont pas manqué de faire des interprétations similaires de la position du Rassemblement national par rapport à la politique du chef de l'Etat. Les points de divergence les plus visibles pour le moment seraient la réconciliation nationale et les restrictions que subit le chef de l'Exécutif dans le cadre de ses fonctions. “Quand Ahmed Ouyahia est convaincu par une démarche, il l'a défend avec clarté. Quand il ne l'est pas, il noie le poisson dans l'eau. Pour parler en toute franchise, personne au parti ne comprend exactement le sens de la réconciliation nationale”, nous a-t-on confirmé çà et là. En clair, entre le président de la République et son chef du gouvernement, l'entente n'est pas aussi parfaite qu'on le laisse supposer. D'ailleurs, c'est divulguer le secret de Polichinelle que de dire que le secrétaire général du RND n'a pas donné l'onction de son parti au second mandat de Abdelaziz Bouteflika, par conviction, mais pour des intérêts conjoncturels qui tendent à disparaître. S. H.