Israël, qui a beau démentir avoir espionné les Etats-Unis comme l'en accusent les médias américains, s'inquiète très sérieusement des retombées de cette affaire révélée à moins de trois mois des présidentielles américaines. “Nous n'avons rien à voir avec ces allégations d'espionnage. Il s'agit d'une affaire intérieure aux Etats-Unis”, ne cessent de clamer les officiels à Tel-Aviv, essayant de faire admettre que leur pays n'a pas besoin d'espionner les Etats-Unis, son meilleur allié. L'Etat hébreu est accusé par des médias américains d'avoir enrôlé un espion, Larry Franklin, au Pentagone et ce dernier aurait transmis des informations confidentielles de la Maison-Blanche sur l'Iran par l'intermédiaire de l'AIPAC (American-Israel Public Committee Action), le lobby pro-israélien à Washington. Israël réfute en bloc ces accusations mais il reste qu'à travers cette affaire, c'est toute la question de son influence aux Etats-Unis qui est posée. Pour la presse américaine, cela ne relève pas du mythe et d'ailleurs, les responsables israéliens ne cachent plus leur hantise de voir cette affaire nuire aux Juifs américains. Selon un ancien ambassadeur d'Israël à Washington, Rabinowitch, qui sait de quel poids pèse le lobby juif aux Etats-Unis, la campagne aurait été déclenchée par des rivaux de Bush. C'est connu, la plupart des néo-conservateurs qui entourent le président américain sont proches d'Israël. C'est la presse américaine qui le dit : la guerre en Irak aurait été déclenchée, entre autres, pour servir les intérêts d'Israël et, c'est au nom de la même stratégie que ces hommes poussent l'Administration Bush à intervenir en Iran. Du reste, ce n'est pas l'alignement aveugle de la Maison-Blanche aux retournements de Sharon sur la question de la feuille de route devant conduire à l'établissement d'un Etat palestinien en 2005 qui démentira ces allégations. Il est vrai que l'Etat juif coopère étroitement avec les Américains au niveau des renseignements, et qu'il s'est même engagé à ne plus espionner les Etats-Unis depuis le scandale Jonathan Pollard. Ex-analyste de la marine américaine, ce juif américain a été condamné en 1987 à la prison à vie pour avoir fourni à Israël, de mai 1984 jusqu'à son arrestation en novembre 1985, des milliers de documents classés top secret. Mais, les services israéliens ne se sont jamais empêchés d'espionner leurs alliés. C'est d'ailleurs la force d'Israël. Les journaux israéliens s'inquiètent d'un nouveau traumatisme, d'une ère du soupçon qui risque de secouer les relations israélo-américaines, alors que Bush entame une étape cruciale de sa campagne électorale, avant la conférence des républicains à New-York. D. B.