C'est le thème abordé par Saïd Sadi et Mouloud Lounaouci lors de la deuxième journée de l'université d'été du Rassemblement pour la culture et la démocratie. La deuxième et dernière journée de l'université d'été du Rassemblement pour la culture et la démocratie, qui s'est tenue ce week-end, à l'hôtel Matarès de Tipasa, est marquée par une conférence-phare sur la refondation nationale intitulée : “Refondation nationale : Impératif de développement et blocage idéologique.” Ce thème cher à ce parti est développé par son président lui-même, Saïd Sadi et le docteur Mouloud Lounaouci. Dans son intervention, ce dernier s'est essayé à une explication théorique des concepts de refondation nationale, d'état unitaire et d'état régionalisé modulable. Il s'en est vigoureusement pris à l'état centralisé générateur, selon lui, de systèmes pervertis et autoritaires. “En Algérie, nous n'avons dans la tête qu'un seul modèle : le jacobinisme français. Or, un tel modèle est une exception dans le monde”, explique-t-il. Un tel système ayant fait beaucoup de mal en Algérie, Lounaouci suggérera un traitement de choc en faisant table rase du passé. “Il faut absolument faire une rupture totale avec ce qui existe aujourd'hui, à savoir, la désintégration de ce système par la refondation nationale”, a-t-il martelé. C'est quoi l'état régionalisé ? “Cela signifie que le pays est découpé en régions naturelles dotées d'exécutifs et de parlements régionaux”, explique-t-il. Donc c'est un modèle marqué par une certaine autogestion régionale permettant l'exercice d'une certaine démocratie de proximité. “Ce type d'état permet la construction d'ensembles supranationaux”, ajoutera-t-il. Pour sa part, Saïd Sadi a préféré aborder “le cas algérien”. Quand le thème est injecté dans le débat, “les gardiens du temple, ceux qui se nourrissent du contrôle et de l'opacité, ont crié au scandale”, se rappelle-t-il. “Même si ce n'est pas tout à fait gagné, le débat a considérablement avancé sur la question. Aujourd'hui, personne ne peut nier que le principe de la refondation est incontournable”. à ceux qui considèrent que la régionalisation est antinomique de la mondialisation, Saïd Sadi assène : “La mondialisation dans l'économie implique et rend impérative la décentralisation.” Pour lui, dans les pays du tiers-monde cela veut dire “abus et corruption”. Bien plus, ce genre de modèle “déresponsabilise totalement ceux qui gèrent les affaires publiques”. Ce qui est le contraire d'un état décentralisé qui “rend le contrôle et la responsabilisation possibles”. Bien plus, un tel modèle d'état permet une certaine efficacité économique puisque la décision politique est décentralisée. Une région quelconque peut prendre une décision sans attendre l'aval de la capitale. Il a cité le cas de l'Espagne, du Canada et de l'Afrique du Sud qui sont des modèles de réussite et qui se trouvent être des… états régionalisés. La conviction de Saïd Sadi est que ce thème “va être de plus en plus présent dans le débat”. “Le risque c'est que ce dossier soit perverti. On le récupère, le manipule et le dénature. C'est là qu'il faut être vigilant”, prévient-il. A. C.