Le thème générique qui lui est choisi, “Développement et libertés”, recèle tout un message : il ne peut y avoir de développement en Algérie sans la préservation des libertés, de toutes les libertés. C'est, aujourd'hui, à l'hôtel Matarès de Tipaza que l'université d'été du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) ouvrira ses portes. Elle sera clôturée demain, vendredi. Le thème générique qui lui est choisi, “Développement et libertés”, recèle tout un message : il ne peut y avoir de développement en Algérie sans la préservation des libertés, de toutes les libertés. De grosses pointures de la politique nationale (Ali Benflis, Karim Younès Mouloud Hamrouche, Sid-Ahmed Ghozali, Rachid Benyellès,…) marqueront de leur présence cet important rendez-vous. Des personnalités ayant eu, pour la plupart, à animer le groupe des 10+1. Leur autre point commun, c'est leur opposition à la réélection de Abdelaziz Bouteflika. Des représentants de syndicats (Abdelmadjid Azzi, retraité, et Naït Abdelaziz, patronat), des animateurs de la société civile (Miloud Brahimi, Brahim Brahimi, Nadia Aït Zaï) et une ONG internationale, le NDI, seront aussi de la partie. C'est dire que cette université d'été sera un moment de communion pour les démocrates afin de dresser, dans un effort commun de réflexion, une sorte d'inventaire de l'état de la nation, 5 mois après l'élection présidentielle du 8 avril. Le RCD qui s'est donné pour axe stratégique la synergie des forces patriotiques offre ainsi à l'opposition démocratique la belle opportunité de repartir sur un bon pied. Il y va de sa survie, et, par ricochet, de celle de la démocratie et du pluralisme, pour réoccuper et reconquérir un terrain cédé à la suite de la douche écossaise du 8 avril qui, il faut le reconnaître, les avait comme tétanisés et inhibés. Mais reprendre l'initiative politique et stratégique — c'est une lapalissade que de le dire — impose, au regard d'une conjoncture marquée par le triomphalisme béat du régime, une accrue et soutenue présence sur le terrain. Ceci dit, cette université d'été est une manière pour le RCD de marquer de son empreinte la rentrée politique et sociale qui s'annonce. C'est aussi une façon pour ce parti d'épicer le débat national par trop insipide. Par le passé, grâce à son courage politique, le parti de Saïd Sadi a su y injecter des thèmes majeurs et frappés du sceau du tabou (laïcité, école, tamazight, femme, …). Parlant de cette université d'été, Djamel Ferdjellah, 1er vice-président du parti, affirme : “C'est un moment pour le rassemblement des cadres du parti. En outre, un moment de débat pour signer notre entrée politique et sociale. Se tenant après l'élection du 8 avril, cette université est une manière de prouver qu'il y a une opposition crédible et le RCD est plein dedans. Cette rencontre crée un cadre de débat pour des personnalités qui ne pensent pas comme le pouvoir”. Et d'enchaîner : “Nous l'avons inscrite dans l'esprit du développement et des libertés. Parce que, depuis le 8 avril dernier, les libertés fondamentales sont misent en péril. Et faute d'imposer le retour au parti unique, le pouvoir essaie progressivement de revenir à la pensée unique.” Pour ce qui est du programme de ce rendez-vous, il sera marqué par une allocution d'ouverture du président du parti Saïd Sadi. Ce dernier prendra ensuite part à une conférence conjointe avec Ali Benflis, Ahmed Benbitour, Rachid Benyellès, Sid-Ahmed Ghozali et Mouloud Hamrouche. Elle aura pour thème : “Algérie : crise du régime ou impasse du système”. Une occasion pour connaître les enseignements que les uns et les autres ont tirés de la dernière présidentielle. Une occasion aussi de les jauger sur leurs intentions quant au cours qu'ils comptent imprimer à leur action politique, c'est-à-dire leur disponibilité à rester sur la brèche et à s'opposer au rouleau-compresseur de Abdelaziz Bouteflika. Etant à l'écoute des soubresauts qui traversent la société et ne voulant pas paraître en déphasage avec l'actualité brûlante, la direction du RCD a programmé une conférence ayant pour intitulé : “Démocratie et liberté d'expression”. Celle-ci sera animée par Me Miloud Brahimi, un membre du collectif de défense du directeur du Matin, en prison depuis le 14 juin, Brahim Brahimi, un spécialiste en communication et un représentant du SNJ. Pour sa part, Nadia Aït Zaï, animera une conférence sur le “Code de la famille : pesanteur et contrainte politique”. Pour la journée de demain, le président du RCD reviendra à la charge pour disséquer un thème cher à sa formation, à savoir la refondation nationale. “Refondation nationale : impératif de développement et blocage idéologique” est l'intitulé de la conférence qu'il animera avec Ali Haroun, ex-membre du HCE et un des fondateurs de l'ANR. Après quoi, c'est à l'économique et au social d'être à l'honneur. Abdelmadjid Azzi, Naït Abdelaziz, Sofiane Djillali, Mohamed Saïd (le représentant de Taleb Ibrahimi) et Amar Azouz animeront une conférence sur “les libertés d'entreprise et les libertés syndicales : piliers du développement”. C'est au directeur du bureau du NDI, en Côte-d'Ivoire, le Dr Momar Diop, que reviendra l'honneur de clore ce cycle de conférences en devisant sur le thème : “Etude comparative d'expériences démocratiques dans le Sud”. De grands moments de réflexion en perspective qui, c'est à espérer, pourraient servir de rampe de lancement pour une opposition démocratique. A. C.