La mascarade de l'équipe nationale de football, dimanche, au stade de Annaba, face aux Panthères du Gabon, n'a pas laissé indifférent Mahmoud Guendouz, l'un des principaux artisans de l'épopée de Gijon lors du Mondial 1982. L'actuel coach du WA Tlemcen dresse un constat accablant du football algérien. Liberté : M. Guendouz, en votre qualité d'ancien joueur des Verts, comment avez-vous vécu la déroute de l'EN ? Mahmoud Guendouz : Je suis, à l'instar de tout le peuple algérien, déçu par le naufrage de notre équipe nationale. Mais, pour ne rien vous cacher, je pense que cet échec est le résultat de l'absence d'une stratégie claire pour le football. Depuis 1986, la discipline n'a jamais bénéficié d'une prise en charge réelle et concrète de la part des responsables du football. Mais, qu'est-ce qui n'a pas marché dimanche pour que les Verts soient aussi décevants… La question qui doit, en fait, se poser est la suivante : qu'est-ce qu'on a entre nos mains pour espérer rivaliser avec nos adversaires. Pour l'anecdote, lors du tirage au sort des éliminatoires jumelées de la CAN et du Mondial 2006, un journaliste m'a approché pour me dire que le groupe de l'Algérie est facile surtout avec des équipes comme le Gabon. Je lui ai alors répondu que sur le terrain vous allez voir ce qu'est en mesure de faire le Gabon. Il aurait fini certainement par me donner raison puisque nous avons été malmenés chez nous par ce même Gabon. En dépit d'un effectif constitué essentiellement de joueurs professionnels, les déconfitures poursuivent toujours notre EN. Qu'en pensez-vous ? De quels professionnels vous parlez, ce sont des joueurs moyens ; Je pourrais même dire, des éléments de troisième choix. Ce sont des éléments qui trouvent, du reste, du mal à s'imposer au sein de leurs clubs respectifs. Si nous étions parvenus à ramener des éléments de la trempe de Camel Meriem, Ali Benarbia ou autre Brahim Hamdani, là, on aurait pu espérer réussir quelque chose d'intéressant. Même au niveau du championnat national, nous n'avons pas de joueurs en mesure de mener le navire de l'EN à bon port. Peut-être qu'il faudrait utiliser la carte de la naturalisation des joueurs étrangers (rire). La situation est-elle à ce point catastrophique ? Ecoutez, pensez-vous que c'est normal qu'on ramène un troisième gardien d'un autre club étranger pour lui confier le poste de titulaire, alors qu'en Algérie, nous possédons des portiers capables de veiller au grain. Arrêtons le massacre ! Quelles sont, selon vous, les solutions nécessaires pour faire sortir le football national de ce marasme ? Il est temps pour les autorités du pays d'intercéder en prenant les mesures qu'il faut. Il est temps aussi de rendre le football aux footballeurs. À mon sens, l'Etat doit intervenir pour instaurer une certaine discipline quant à la gestion de nos clubs qui ne jouent plus leur rôle. Confier par exemple la barre technique des Verts à des anciens joueurs de l'EN ? Il n'est pas facile de convaincre un ancien joueur de l'EN d'accepter cette mission en raison de l'absence de moyens de travail. À ce titre, je tiens à vous informer que j'ai refusé de prendre la sélection nationale après la défaite (5-2) face à l'Egypte. En effet, je ne pouvais accepter une telle responsabilité du fait de l'absence d'un travail sérieux au niveau de nos instances footballistiques. K. Y.