En Algérie, dans l'audiovisuel public, la propagande a toujours pris le dessus sur l'information, la culture et les échanges entre les civilisations qui nous entourent. “Le service public est d'abord un challenge. Un challenge qui se propose pour être relevé. À défaut de quoi, d'autres modèles s'imposent et nous imposent impitoyablement leur vision.” Voici une déclaration lourde de sens de Mme Toumi lors du séminaire international sur le service public et les radiodiffuseurs, dont les travaux se déroulent du 12 au 14 décembre à l'hôtel Sheraton d'Alger. La ministre de la communication et de la culture, qui a justifié les retards de l'Algérie en matière de développement de service public, notamment dans les années 1990, refuse qu'aujourd'hui notre pays tombe dans une politique de “calquage” comme modèle de transit d'un système “unique” à un système “pluriel”. Elle dira à ce propos : “la politique du-tout-commercial” ne doit, en aucun cas, constituer un palliatif à la politique du “toute-redevance”. Si le service public a échoué, c'est parce que la politique culturelle en Algérie a toujours été otage du système propagandiste. Un détail que Mme la ministre n'a pas souligné et que plusieurs personnes présentes ont mis en exergue devant le déferlement impitoyable d'un secteur privé conquérant. D'où la problématique suivante : “comment les télévisions et les radios publiques doivent-elles évoluer dans un contexte concurrentiel ? Que faut-il comme premier palliatif pour passer graduellement d'un service strictement réservé autrefois aux pouvoirs politiques et décisionnels vers un service à large diffusion, exclusivement réservé au grand public, au lieu d'une grande audience ?” En ce sens, le P-DG du groupe France-Télévision, M. Marc Tessier, a indiqué que “la télévision est comptable devant le citoyen-contribuable. C'est ce dernier qui la paye ! Donc, il a un droit de regard sur l'ensemble des programmes diffusés.” Abordant le passage des télévisions vers un service public digne de ce nom, l'orateur s'interrogera sur la nature même des médias qui veulent évoluer dans un contexte de globalisation culturelle. “En quoi un média se distingue-t-il de ses homologues ? En audience? Ce qui est faux ! En terme du grand public acquis ? Là peut-être, oui ! Car, en fait, chaque média doit optimiser ses expériences, ses richesses et ses compétences pour ne pas se laisser influencer.” M. Tessier, qui a souligné l'importance de chaque concept quant à la survie de chaque média dans un régime concurrentiel, citera à titre d'exemple l'expérience européenne. “En Europe, il y a trois types de médias. D'abord, ceux qui vivent exclusivement de la publicité, comme en Espagne. Ensuite, ceux qui fonctionnent grâce aux différentes redevances. Et, enfin, ceux qui se démarquent des deux et qu'on appelle le régime mixte [publicité et redevances]”, dira-t-il pour mettre les arguments de tout un chacun en valeur et, par là même, rejoindre le point de vue de Mme Toumi, qui avait souligné auparavant que le tout-commercial éloigne le média de ses vocations culturelle et civilisationnelle. Il faut souligner que cette rencontre, organisée par la télévision nationale, a eu le mérite de lever plusieurs équivoques, dont cette participation du privé dans l'ouverture du champ médiatique et les échanges entre les pays amis et voisins. À ce propos, le directeur général de l'ENTV, M. Hamraoui Habib-Chaouki a indiqué que “ce séminaire est une suite logique des relations entreprises entre les acteurs majeurs et les tendances principales des télévisions et radios publiques.” F. B.