À l'occasion de la célébration du 54e anniversaire des droits de l'Homme, les défenseurs de l'intégrisme réunis, tenez-vous bien, en un “Comité pour la paix civile et la démocratie en Algérie” ont organisé une conférence-débat à Toulouse, avec comme invités : K. Daoud, H. Souaïdia et S. Ghozali, chargés tous les trois de faire la promotion, même si Salima Ghozali s'en est défendue, du livre Le Procès de la sale guerre. Irrespectueux de la communauté algérienne et des éventuels Français intéressés par leur “speech”, les organisateurs placardent des affiches avec deux horaires différents (19h30 et 20h30), puis décident de commencer la conférence entre les deux. C'est d'abord K. Daoud qui prend la parole en tant que membre de la Ligue des droits de l'Homme. Il explique combien les droits de l'Homme sont bafoués chez nous depuis l'arrêt du processus électoral, puis rappelle le contexte général en faisant une lecture très sant'egidio de la crise algérienne. Ensuite, il passe la parole à la star de la soirée, H. Souaïdia. Ce dernier, avec fierté, nous informe qu'il a gagné le procès contre les généraux algériens avec toutes les “preuves” et tous les “témoignages” apportés par la défense lors du procès. Contrairement au premier intervenant, selon lui, l'histoire de la dictature militaire algérienne a commencé le 5 octobre 1988 avec la répression qui s'était abattue à l'époque sur les jeunes manifestants et la démonstration de force du pouvoir sous forme de chars dans les rues d'Alger. Puis, sans gêne aucune, il enchaîne sur l'assassinat de Massinissa Guermah et la centaine de victimes du mouvement citoyen qui, selon lui, sont venus gonfler la longue liste des martyrs de la démocratie en Algérie depuis la grève de juin 1991 et l'arrêt du processus électoral. Il s'est dit outré par le revirement de la politique des grandes nations à l'égard des musulmans depuis les événements du 11 septembre 2001 à New York et, surtout, par l'aide militaire que les Américains comptent apporter aux Algériens. Il reproche, au passage, à certains cercles français leur complicité avec la dictature militaire algérienne. Il en veut pour preuve le départ précipité de Nezzar d'un aérodrome militaire parisien. Enfin, c'est au tour de S. Ghozali, qui commence par préciser que si elle est présente, ce soir, ce n'est pas pour faire la promotion du livre parce qu'il n'en a pas besoin, mais pour expliquer pourquoi elle soutient Souaïdia dans son combat contre les généraux algériens. Selon elle, la tragédie algérienne a commencé avec l'arrêt du processus électoral quand les généraux algériens ont décidé de sauver la république. Elle nous explique qu'au lieu de sauver la République, ils n'ont fait que l'enfoncer. Et dans un amalgame général, elle présente le chômage des jeunes, l'attaque contre les femmes de Hassi Messaoud, la pauvreté des cadres, la situation économique globale du pays comme conséquences de l'arrêt du processus électoral et nous informe de son regret en tant que militante féministe de ne pas pouvoir continuer les débats commencés pendant la période 89-92 avec les féministes islamistes ! Tout cela en haussant le ton, de temps en temps, pour émouvoir l'assistance et en précisant qu'elle n'était pas toujours d'accord avec les thèses de Souaïdia, mais sans nous préciser lesquelles, ni pourquoi. Ce qui devait être une conférence-débat a pris la tournure d'un meeting et la parole ne fut donnée à la salle que pour quelques minutes dans un désordre et un machisme généralisé. Et comme l'assistance était composée majoritairement de Beurs qui ne connaissent de l'Algérie que la chaleur de ses étés, les premières questions portaient sur les problèmes de la communauté algérienne en France et sur l'ouverture des archives de la guerre d'Algérie aux simples citoyens, puis ce fut au tour des derniers demandeurs d'asile en France : un prof d'arabe, dont l'armée algérienne n'a pas voulu, qui a commencé par saluer le courage de Souaïdia puis à lui demander d'apporter les preuves de ses dires, ce à quoi les trois orateurs ont répondu d'une même voix : elles sont dans le livre Le procès de la sale guerre. Mais quand l'assistance a demandé à Souaïdia des explications au sujet du massacre de Zaâtria dont il parle dans son livre, auquel les habitants du village ainsi que les enquêtes de journalistes ont apporté un démenti, on a eu droit à des attaques personnelles contre le directeur de publication d'El Watan et la demande d'une commission d'enquête sur ce massacre et tous ceux commis en Algérie ainsi que sur le printemps noir. Quand la même personne a tenu à préciser à l'assistance que le terrorisme en Algérie a commencé bien avant l'arrêt du processus électoral et que les généraux et les politiques algériens, au lieu de le combattre, lui ont été d'un grand secours, que la loi sur la concorde civile a été la confirmation de la complicité intégriste au plus haut niveau de l'Etat et que le mouvement citoyen n'a rien de commun avec le mouvement intégriste — bien au contraire tout les sépare —, S. Ghozali n'a rien trouvé de mieux à dire que des amalgames peuvent être faits dans un discours oral et qu'il ne fallait pas en tenir compte. La conférence s'est achevée avec la recommandation de lire le livre Le procès de la sale guerre, pour tous ceux qui s'intéressent à l'Algérie et qui veulent comprendre la tragédie algérienne. Sa promotion suffisait. Y. A. L.