Hier, à la cité universitaire Taleb-Abderrahmane de Ben Aknoun, des étudiants ont accusé les gestionnaires et la tutelle de “mauvaise préparation” de la rentrée. La rentrée dans les cités universitaires est mal vécue par les étudiantes et les étudiants. “Nous sommes sept dans la chambre. Le restaurant est encore fermé, nous sommes obligés de manger dehors et cela date depuis le 2 septembre, à cause des rattrapages”, révélait hier ce jeune étudiant de 2e année de droit à l'entrée de la cité Taleb-Abderrahmane. Un camarade à lui, en sciences politiques, estime, quant à lui, que “la grande difficulté” est le transfert d'étudiants hébergés jusque-là à Béni Messous vers Ben Aknoun. “On est en train de poser des problèmes ici aux étudiants qui ont mis du retard à payer le loyer, pour libérer les chambres et placer les nouveaux. À Béni Messous, le campus a été vidé par la police. Les responsables de la cité veulent prendre uniquement les étudiants de 1re année en journalisme et en sciences politiques”, a-t-il déclaré, en ajoutant avec amertume : “Les conditions pour étudier n'existent pas. Les chambres sont pleines à craquer, il y a des chambres sans vitres aux fenêtres et sans électricité. Il y a des indus occupants qui ont leurs copains à l'administration pour les couvrir… Les cours ne vont pas commencer tout de suite, car les délibérations des rattrapages n'ont pas encore été affichées. C'est vraiment l'anarchie.” Vers les coups de 14h, un groupe d'étudiants venus de Bouzaréah s'est formé devant l'entrée de l'Office national des œuvres universitaires (Onou), à quelques mètres de la cité Taleb-Abderrahmane. Des policiers en civil ont tenté de les disperser. “Nous voulons parler aux responsables des questions de l'hébergement des étudiants de 1re année. 7 000 étudiants sont livrés à eux-mêmes avec leurs cabas. Des jeunes filles ont été agressées, certaines ont été volées. Cette situation ne peut plus durer”, a résumé un jeune de l'Unea, en se plaignant de “la mauvaise gestion”. À l'Onou, aucun responsable n'a pu nous recevoir. Selon les gardiens, “tout le monde est en réunion au ministère”. Plus tard, une secrétaire nous apprendra par téléphone qu'une délégation de l'office s'est déplacée à la faculté de Bouzaréah pour régler “un sérieux problème d'hébergement des étudiants”. À la résidence universitaire de Béni Messous, les gestionnaires ont refusé de nous communiquer les informations. “J'applique ce qu'on m'a demandé de faire. Il y a le chargé presse de l'Onou qui a toutes les données”, nous a indiqué l'un d'entre eux. Dehors, des étudiantes, cabas et sac à la main, nous ont confié qu'elles seront réaffectées vers d'autres sites. “L'année dernière, les choses se sont déroulées normalement. Cette année, les responsables ont reçu l'ordre de mettre fin à la mixité. On refoule, comme vous le voyez, les filles. Le problème, c'est que je ne sais même pas où je vais passer la nuit. Ce sera peut-être à Dely Ibrahim”, a révélé une étudiante de 2e année d'archéologie, arrivée le matin de Béjaïa. Un autre étudiant, en 1re année de sciences commerciales, a confirmé l'information sur la remise en cause de la mixité. “On m'a informé dans mon institut que j'étais affecté dans cette cité. On m'a prévenu qu'il n'y aura plus de mixité dans cette cité. C'est une bonne chose”, a-t-il soutenu d'une voix affolée. Virée vers le “Plateau” de Ouled Fayet, dans la commune de Chéraga. Les quelque 200 chalets en panneaux de sandwich, installés l'an dernier, seront occupés prochainement par des étudiants. Neuf entreprises, publiques et privées, sont mobilisées depuis une quinzaine de jours, pour adapter le site aux besoins urgents des universitaires. Une clôture d'environ 1 000 mètres est déjà achevée. Il reste d'autres installations à effectuer, telles que la construction d'un réfectoire et des bureaux administratifs, l'aménagement d'un parking, etc. D'après certains travailleurs rencontrés, il est question d'accueillir 6 à 9 étudiants dans les deux pièces du chalet. “Ils auraient dû construire deux blocs. De la sorte, ils auraient gagné plus de place, perdu moins d'argent et offert un site décent aux étudiants”, a commenté un des chefs de chantier. H. A.