Les étudiants de l'Institut des sciences politiques et de l'information (ex-ISIC), soutenus par des résidantes de la cité universitaire Hydra II, ont organisé hier un mouvement de protestation. Cette action fait suite à l'intervention musclée, dans la nuit de lundi à mardi, des forces de l'ordre. Une action qui s'est soldée par l'arrestation de plus d'une dizaine d'étudiants grévistes sur une soixantaine ainsi que de deux étudiantes. « Les forces de police ont tabassé la plupart des étudiants qui observaient un mouvement de grève pacifique en signe de solidarité avec notre collègue Merzouk Hamitouche emprisonné à la maison d'arrêt d'El Harrach », nous confient les étudiants grévistes rencontrés à l'intérieur de la faculté. Nos interlocuteurs tiennent à ajouter que les résidantes de la cité universitaire Hydra II, présentes sur les lieux pour « apporter leur soutien », n'ont pas été épargnées par la répression des tuniques bleues puisque, selon leurs déclarations, elles ont été violemment « tabassées, insultées et jetées par terre ». Même « destin » pour sept étudiants de l'université Oued Aïssi de Tizi Ouzou, dont cinq d'entre eux ont été embarqués par les policiers. Hier, la tension est montée d'un cran. Les résidantes ont, dès 7h, décidé d'occuper les lieux et de fermer la porte du campus. Un sit-in de protestation à même l'entrée principale a été organisé. « Nous sommes venues protester contre la brutalité des services de police. Nous sommes pour la liberté d'expression, le droit à l'auto-organisation et nous dénonçons l'arbitraire », nous confie une jeune étudiante attestant que les policiers n'ont pas respecté la « franchise universitaire ». A l'extérieur du campus, plus précisément au rond-point de l'ITFC (à 100 m de l'entrée de la faculté), un impressionnant dispositif sécuritaire était déployé aux alentours de la faculté. Des policiers, munis de matraques, ont formellement interdit l'accès à des centaines d'étudiants. Seules les résidantes de la cité des filles pouvaient y pénétrer. Des échauffourées ont eu lieu avec quelques étudiants qui scandaient « Oulech s'mah oulech » et « pouvoir assassin » tout en lançant des projectiles en direction des forces de l'ordre. Le collectif des étudiants autonomes de l'université d'Alger ainsi que l'association Nedjma de l'université de Bouzaréah dénoncent, dans des communiqués transmis à notre rédaction, « l'arbitraire et les dépassements » commis par les forces de l'ordre. Ils appellent la communauté universitaire à se mobiliser pour la libération des étudiants incarcérés. « Nous considérons qu'il existe d'autres formes plus civilisées pour régler toute forme de conflits sociaux dans un institut qui enseigne aux étudiants l'art de communiquer et de gérer les affaires de la cité », peut-on lire sur les documents. Rappelons que Merzouk Hamitouche est accusé d'être le « porte-drapeau » d'une contestation qui a eu lieu à la cité universitaire Taleb Abderrahmane de Ben Aknoun. Arrêté le 13 décembre dernier et emprisonné quelques jours plus tard, cet étudiant est accusé d'avoir saccagé des biens de l'Etat suite à une plainte déposée par l'administration. En outre, nous avons tenté de joindre les responsables de la cellule de communication de la Sûreté de wilaya d'Alger pour de plus amples informations. Toutes nos tentatives sont restées vaines.