M. Bouteflika a plaidé pour une intégration sans complaisance de l'Algérie dans le giron du partenariat international. Pour montrer sa disponibilité à relancer son processus de coopération avec l'Algérie, l'Allemagne a décidé d'installer, dès le 15 novembre prochain, à Alger, un coordinateur pour les relations économiques entre les deux pays. Objectif : “Promotion et développement durable des relations commerciales et des partenaires industriels”. “Nous voulons être plus près des préoccupations des hommes d'affaires (de nos deux pays”, nous a expliqué le coordinateur, Andreas Hergenröther, qui a passé cinq ans comme directeur général adjoint et responsable du département juridique de la Chambre allemande de commerce et d'industrie au Maroc. Mais l'Allemagne reste sourde à la demande d'Alger de procéder à la reconversion de sa dette en investissements. Le chancelier Gerhard Schröder l'a expliqué, hier, au cours de sa conférence de presse tenue à la clôture du forum des hommes d'affaires, à la résidence Djenane El-Mithaq. Une explication peu convaincante : “Nous ne pouvons reconvertir la dette algérienne en investissements parce que, en la matière, le Club de Paris fait exception des pays producteurs de pétrole. Cette raison économique sera à l'ordre du jour de la réunion prochaine (soit à Alger, soit à Berlin) entre les deux ministres des Finances, car il va falloir trouver une solution. En tout cas, la coopération doit se faire par les échanges.” D'autres partenaires, comme la France, l'Espagne et l'Italie ont pourtant accepté la reconversion. À la faveur de cette visite de Schröder, deux accords-cadre ont été signés ; l'un a vu Siemens AG sceller une prise de participation de l'ordre de 51% (majoritaire) dans la société Estel, filiale de la SNTF, spécialisée dans les équipements de signalisation. Le deuxième a été conclu entre l'entreprise CMA (Complexe de moteurs-tracteurs) de Constantine et l'entreprise allemande Deutz, et porte sur la production sous licence de tracteurs de marque Deutz, pour un montant de 24 millions d'euros. En 2003, le volume d'échanges entre l'Algérie et l'Allemagne a atteint 1,2 milliard de dinars. Gerhard Schröder a souligné que son entretien, hier matin en tête à tête, avec le président Bouteflika, “a porté essentiellement sur les questions internationales, notamment le Proche et Moyen-Orient”. À cet effet, a-t-il indiqué, “nous inscrivons nos efforts pour le règlement global de ces dossiers dans le cadre de la feuille de route” élaborée de concert entre l'Europe, l'ONU et les Etats-Unis. Il a aussi fait part de la volonté de son gouvernement de développer les relations culturelles algéro-germaniques, en permettant notamment aux étudiants algériens d'aller étudier dans les écoles et les universités allemandes. La “révolution” de Bouteflika De son côté, le président Abdelaziz Bouteflika, intervenant devant les hommes d'affaires, a encore une fois haussé le ton. “Nous ne pouvons nous contenter de réforme ou de mise à niveau, ce qu'il nous faut c'est une révolution institutionnelle, économique et culturelle, et la remise en cause des règles de fonctionnement de toute une économie, ainsi que des rapports entre tous les opérateurs économiques et les partenaires sociaux”, a-t-il prôné. Sa déclaration vient, bien sûr, au lendemain de l'échec de la réunion gouvernement-UGTA. Il le dit aux Algériens : “Notre seule richesse doit être la capacité de travail des hommes et des femmes. Nous sommes passés du dirigisme au pluralisme, à la démocratie et à l'économie de marché. Je ne veux pas d'équivoque à ce propos, il n'y aura jamais de retour en arrière.” Devant Gerhard Schröder et son importante délégation d'hommes d'affaires, le chef de l'Etat a plaidé pour une intégration sans complaisance et effective de l'Algérie dans le giron du partenariat international. Dans son plaidoyer, il a présenté des chiffres économiques et des indices politiques favorables, allant d'une croissance “devant dépasser rapidement les 5%” au “retour de la paix et la consécration de la réconciliation nationale”. Ses arguments : “Un budget équilibré depuis 2000, une balance des paiements positive, des réserves en devises qui ont atteint 34 milliards de dollars en juin 2004, une dette de 19 milliards de dollars en fin 2003, des services de la dette qui ne représentent plus que 18% de nos exportations ; un pouvoir d'achat qui s'est accru de 25% en trois ans, un taux de chômage qui n'est plus que de 20% en 2003.” Selon lui, “l'objectif essentiel de la réforme du système économique est d'augmenter significativement l'efficience de notre entreprise pour la rendre capable d'affronter la concurrence internationale”. Il n'a pas omis de faire appel à la “promotion de l'entreprise privée” et annoncé la révision prochaine de la loi régissant le marché foncier à usage économique. Quant au “problème du foncier agricole, il sera traité d'une manière définitive en tenant compte de la spécificité historique et sociale de notre pays, mais dans le sens de l'incitation à produire et à exporter les produits agricoles…”. L. B.