L'Allemagne refuse toujours de convertir la dette algérienne en investissements. Elle accepte le remboursement par anticipation. La coopération algéro-allemande revient au devant de l'actualité cette semaine à la faveur de la visite du chancelier de la République fédérale d'Allemagne, M. Gerhard Schröder, accompagné d'une importante délégation d'hommes d'affaires. Cette coopération semble être à la recherche de projets locomotives de partenariat de type de celui concrétisé avec le groupe international Henkel. Un modèle qui, cependant, peine à faire tache d'huile. Mais en réalité, le retour annoncé des entreprises allemandes en Algérie se poursuit plus lentement que prévu. La visite du président de la République, M. Bouteflika, à Berlin a renforcé l'intérêt des entreprises allemandes pour l'Algérie. Pour autant, la coopération économique et commerciale entre Alger et Berlin, qui date des premières années postindépendance avec une contribution allemande très importante dans la formation du tissu industriel algérien, demeure en deçà des attentes des milieux politiques et d'affaires. La mise en place du Forum des hommes d'affaires algéro-allemands (F3A), qui s'est réuni pour la dixième fois en juin 2003, n'a pas tenu toutes ses promesses. La dernière décennie n'a pas permis de concrétiser les nombreux projets de partenariat algéro-allemands prévus dans différents secteurs, notamment dans le domaine de la petite et moyenne entreprises (PME/PMI). Cette hésitation des entreprises allemandes à investir en Algérie, l'ambassadeur d'Allemagne à Alger l'a imputée principalement à la survivance de l'image de l'Algérie “malheureusement imprégnée (chez les entrepreneurs) par le terrorisme des années 1990”. De même, cette conjoncture défavorable n'a pas manqué de se répercuter sur le volume des échanges commerciaux, caractérisés par un certain recul. À titre d'illustration et pour la période la plus récente, les importations allemandes d'Algérie ont chuté de 879 millions de dollars en 2003 et à 624 millions en 2004. Elles sont constituées à plus de 80% des hydrocarbures et, dans une moindre mesure, de produits sidérurgiques. L'Algérie, pour sa part nous dit-on, a importé d'Allemagne de nombreux produits de différents secteurs. En 2003, elle a acquis de ce pays 36,5% de ses besoins en produits alimentaires, 44% de ses besoins en produits industriels, 14% en produits pharmaceutiques et 30% en instruments d'optique. Les Allemands reviennent au marché algérien. La ZF-Algérie, société mixte constituée de la ZF Allemagne et la Société nationale de véhicules industriels (SNVI), a été inaugurée mardi à Rouiba. La Sarl ZF-Algérie est spécialisée dans le montage, l'industrialisation progressive, la commercialisation des boîtes de vitesse ZF montées sur les camions, les autocars et les autobus. D'autres accords de partenariat ont été signés récemment, l'un rattachant Linde à Sonatrach (réalisation à Skikda en 2005 d'une usine d'hélium destiné à l'exportation, un marché de 80 millions de dollars); un autre impliquant la PME Odesse avec l'entreprise de pompes Poval en vue de produire des pompes spécialisées (hydrauliques et hydrocarbures); un troisième pour la réalisation d'une étude de modernisation du réseau ferroviaire algérien (joint-venture entre Eissen Bahn et la compagnie algérienne Citirail). On annonce l'ouverture en novembre prochain à Alger d'un Bureau de coordination allemand. La perception du risque Algérie s'est nettement améliorée. En effet, l'Agence d'assurance crédit allemande Hermès, dans la cadre du consensus OCDE, classe actuellement l'Algérie à l'échelle 4 (assez bon risque). Traduire : les investisseurs allemands sont désormais incités à investir en Algérie. Pour autant, l'Allemagne refuse de convertir la dette algérienne en investissements. L'ambassadeur d'Allemagne à Alger en juin dernier justifie le refus par le fait que les critères fixés par le gouvernement allemand ne s'appliquent pas pour le cas algérien. Pour lui, l'Algérie “n'a rien d'un pays du tiers-monde. C'est un pays riche”. M. R.