Selon lui, le recours des pouvoirs publics à la justice sera systématique désormais. Salah Boubeker, député d'El-Islah, originaire de Ghardaïa, a animé, hier, une conférence de presse au siège de l'Assemblée populaire nationale, durant laquelle il a dénoncé le traitement policier et judiciaire infligé aux manifestants des communes de Ghardaïa et de Guerara. “L'Etat est décidé à frapper d'une main de fer dans toutes les wilayas”, observe-t-il. Rappelant le nombre de jeunes interpellés durant les troubles qui ont secoué, tour à tour, les deux localités (une trentaine à Ghardaïa, dont onze condamnés à des peines de prison ferme et douze à Guerara), le parlementaire a insinué l'échec des tentatives de médiation qu'il a initiées en compagnie de ses collègues pour obtenir l'annulation des poursuites. “Le département de l'Intérieur et de la Justice sont inflexibles. Ils exigent que la loi soit appliquée”, soutient M. Boubeker. De telles certitudes le rendent sceptique sur le rôle qu'il peut jouer en compagnie de ses compagnons de la Chambre basse pour infléchir la position des autorités. “Nous continuerons à apporter assistance aux détenus et à leurs familles”, se contente de promettre l'orateur. Pour le reste, le député se dit embarrassé. “Nous ne pouvons pas être à côté de la loi et contester les décisions de la justice”, dit-il. Pourtant, l'élu de Ghardaïa sait mieux que quiconque que les arrestations opérées et le verdict rendu dans une partie des affaires, sont injustifiés. Présent lors des manifestations des commerçants de la vallée du M'zab, il a assisté à l'interpellation de jeunes qui n'avaient rien à voir avec les événements. De même, il a été témoin des dépassements de la police. “Ils ont cassé des pare-brises de voitures et lancé des grenades lacrymogènes dans les maisons”, rapporte-t-il. La brutalité des éléments des forces de l'ordre a, par ailleurs, été vivement dénoncée par le Front des forces socialistes (FFS) et la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (Laddh). De leur côté, les parents des détenus évoquent les maltraitances infligées à leurs enfants en prison. Ce genre de révélations n'est pas fait pour apaiser la situation. Si le calme est revenu ces derniers jours dans la capitale du M'zab, la programmation d'un nouveau procès durant lequel comparaîtront onze jeunes incarcérés pour troubles et destruction de biens publics risque de rallumer le feu de la contestation. Déférées devant la juridiction pénale, ces personnes encourent des peines lourdes. Dans la commune voisine de Guerara où règne encore un climat de tension, une autre affaire de détenus risque de remettre le feu aux poudres, si la libération des douze jeunes incarcérés n'est pas obtenue. S. L.