Les dissensions persistent au sein de la maison El Islah. Après le congrès des redresseurs, à la mode FLN, tenu le week-end dernier dans une salle des fêtes de la capitale, la direction actuelle du parti est vouée à une déchéance certaine. Elle dénonce « le complot et la campagne de dénigrement menée contre le parti », le doigt toujours pointé vers le RND. Se référant à des textes de loi, Abdelghafour Saâdi, le numéro 2 d'El Islah et bras droit de Djaballah, s'est échiné, au cours d'une conférence de presse animée hier au siège national du parti à Alger, à démontrer « l'illégalité » du congrès de redressement - tenu les 30 juin et 1er juillet par les dissidents. « Il y a beaucoup d'amalgames. Ces gens ont trompé tout le monde, y compris la presse », a-t-il précisé. Entouré de ses collaborateurs, à savoir Lakhdar Benkhelaf, secrétaire national chargé de l'organique, et Abdelkader Belahcène, vice-président du groupe parlementaire, M. Saâdi a souligné d'emblée l'absence de « documents officiels authentifiant que ces individus sont d'El Islah ». Selon lui, le wali d'Alger a donné une autorisation suite à une demande effectuée par trois personnes, à savoir Mohamed Boulahia (ex-prédisent du conseil consultatif), Djahid Younsi (député) et Hassan Laribi (député), en vue d'organiser une rencontre-débat sur la situation politique. Il a reconnu que la wilaya aurait pu ne pas donner cette autorisation, compte tenu des déclarations et des positions de ces personnes. Il a estimé que dans la forme, il n'y avait aucun motif pour un refus de la part de la wilaya, d'autant plus que l'objectif de la rencontre était autre que ce qui a été fait par la suite. Pour étayer ses propos, M. Saâdi exhibera une copie de l'autorisation délivrée par la wilaya. Il est précisé dans ce document que l'instance organisatrice est un groupe de « trois personnes autorisées ». « La wilaya ne pouvait pas juger sur les intentions, mais en fonction des documents », a-t-il ajouté. Rappelant l'exclusion de ces personnes du parti lors d'une session extraordinaire du conseil consultatif tenue le 18 novembre 2004, le conférencier a qualifié leur congrès d'un « mort-né illégitime ». Poursuivant sa tirade, le vice-président d'El Islah égrènera les infractions commises par les dissidents. D'abord, il a attesté que la majorité des congressistes n'a encore pas atteint 18 ans, l'âge exigé pour pouvoir intégrer une formation politique. Ensuite, il accusera les organisateurs d'« usurpation de qualité », de « faux et usage de faux et falsification de documents » et de « diffamation ». Pour cela, « nous avons déposé plainte contre eux ». Selon lui, il n'y a pas eu 1200 participants au « congrès de redressement », mais plutôt « quelque 400 personnes qui ne sont pas militants d'El Islah ». M. Saâdi précise que le parti interdit à ces personnes d'organiser une quelconque activité en son nom. « Nous les avons exclus. S'ils veulent créer un autre parti, ils sont libres. Mais El Islah ne leur appartient pas », insiste-t-il tout en ajoutant que « le ministère de l'Intérieur leur a déjà précisé qu'ils ne représentent pas le parti ». Aux yeux du conférencier, les dissidents usent de l'immunité parlementaire dont ils bénéficient et se permettent ainsi d'enfreindre les lois de la République. « Nous avons introduit plusieurs demandes au niveau de l'APN afin de procéder à la levée de cette immunité. Mais le bureau de l'APN ne nous a encore pas répondu », a-t-il regretté, poursuivant que deux membres du groupe des dissidents sont poursuivis en justice dans « une affaire de détournement de l'argent des mosquées d'Alger ». Deux autres ont « des antécédents juridiques ». La direction d'El Islah a déposé plusieurs plaintes contre huit membres de ce groupe. Revenant sur l'affaire qui est entre les mains de la justice, M. Saâdi a affirmé que le verdict tombera le 12 juillet. « Nous sommes confiants en notre justice et sereins, car nous avons fourni tous les documents nécessaires », a-t-il déclaré. Selon lui, le congrès se tiendra aussitôt que la justice aura tranché ce conflit.