Yasser Arafat n'a, certes, pas laissé de testament attestant clairement qu'il voulait être enterré sur l'esplanade des mosquées, où est érigée la mythique mosquée El-Aqsa. Il est connu et reconnu, néanmoins, que tel aurait été son désir s'il avait eu le temps de l'exprimer. Pour preuve, il a longtemps souhaité prier dans ce qui est considéré comme le troisième lieu saint de l'Islam après la Grande Mosquée de La Mecque et la Mosquée du prophète de Médine, sans jamais pouvoir exaucer son rêve devant le refus catégorique de son ennemi juré, Ariel Sharon évidemment, de le laisser fouler le sol de Jérusalem. “Tant que je serai au pouvoir, et je n'ai pas l'intention de le quitter, il (Arafat) ne sera pas enterré à Jérusalem”, a déclaré récemment Ariel Sharon. Il a été conforté dans ses visées, jeudi dernier, à l'annonce de l'aggravation de l'état de santé de Yasser Arafat (son entrée dans un coma profond stade 4, jugé irréversible par les praticiens de la santé), par la présidence du Conseil israélien. Israël qui a réussi à annexer Jérusalem à ses territoires occupés en 1967, auréole Jérusalem de grande sacralité de par la présence du Dôme du Rocher, appelé communément par les Juifs le mont du Temple. Ariel Sharon ne s'est d'ailleurs pas gêné de signifier l'appartenance du site au patrimoine historique et cultuel de son peuple en le visitant en 2000. Ce qui a été considéré par les Palestiniens comme le comble de la provocation, voire une profanation d'un lieu saint du culte musulman. À vrai dire, “l'enterrement à Jérusalem puis la transformation de la sépulture d'Arafat en haut lieu de pèlerinage constitueraient un véritable casse-tête sécuritaire et politique, que les autorités israéliennes ne sont pas disposées à assumer”, estiment les experts. Il est question aussi, pour les autorités israéliennes de préserver leur hégémonie sur la ville phare de ce qu'elles considèrent comme leurs territoires de souveraineté. Dès lors, elles s'opposent, selon des journaux israéliens, à ce qu'Arafat soit enterré à Jérusalem, à Ramallah, ou ailleurs en Cisjordanie. C'est à peine si elles condescendent à tolérer la mise en terre du leader palestinien quelque part dans la bande de Gaza, concédée récemment aux Palestiniens par un vote de la Knesset. Israël souhaite, néanmoins, qu'Arafat soit inhumé carrément en dehors de la région en conflit, dans un des pays arabes (la Syrie, par exemple où a été enterré Khalil Al-Wazir, (Abou Jihad), le numéro deux du Fatah liquidé par un commando israélien en avril 1988 à Tunis). Il n'en demeure pas moins que les dirigeants palestiniens pourraient exiger que le président de l'OLP ait sa demeure éternelle sur les terres qu'il n'a pas quittées malgré les affres d'un siège qui a duré plusieurs semaines et les menaces de liquidation physique qui pesaient lourdement sur lui. La famille du défunt, des millions de Palestiniens et l'opinion internationale — notamment arabe — appuieraient certainement une telle démarche. S. H.