Le président Arafat, symbole du combat des Palestiniens pour l'indépendance, était hier entre la vie et la mort. Yasser Arafat se trouvait toujours, hier, plongé dans un coma profond. De fait, selon ses médecins traitants de l'hôpital parisien de Percy, le président palestinien se trouve dans un état de «mort cérébrale». Ce qui veut dire simplement que Yasser Arafat était entré jeudi après-midi dans un coma irréversible. Leïla Shahid, déléguée générale de la Palestine en France, a indiqué hier que le président Arafat «est entre la vie et la mort. Il peut se réveiller, comme il peut ne pas se réveiller». C'est dire que l'état de santé du leader palestinien a évolué négativement lors du week-end. Aussi, une certitude se dégage de cette nouvelle, l'évolution de l'état de santé du président Arafat a rendu d'actualité la question de sa succession. Cependant, on ne remplace pas aussi facilement Yasser Arafat, ce vieux lion qui a consacré sa vie à se battre pour l'édification d'un Etat palestinien libre et souverain. De fait, il sera très difficile de lui trouver un successeur à la dimension de l'aura qui est celle d'Abou Ammar et du travail qu'il a accompli pour la cause palestinienne. En réalité, deux batailles aussi pénibles l'une que l'autre vont se présenter aux responsables palestiniens dès l'annonce officielle de la mort du président Arafat, outre celle de sa succession, il y en a une qui se présente comme dramatique : celle des funérailles du président Arafat. Celui-ci avait fait le voeu d'être enterré sur l'Esplanade de la Mosquée Al Aqsa, voeu auquel s'oppose le chef du gouvernement israélien, Ariel Sharon, lequel avait, dès le lendemain du transfert du président Arafat en France, mis son veto à une telle éventualité dans une réponse à une question du ministre de la Justice, Yossef Lapid, indiquant: «Tant que je serais au pouvoir, et je n'ai pas l'intention de le quitter, il (Yasser Arafat) ne sera pas enterré à Jérusalem». Et il ne fait pas de doute que les Palestiniens tiendront à ce que le symbole et l'icône du combat palestinien pour l'indépendance, repose dans ce lieu sacré pour les musulmans: la Mosquée Al Aqsa, où est enterré depuis trois ans l'ancien responsable des services palestiniens à El-Qods-Est, Faysal Al-Husseini. Il est évident que le problème du lieu d'inhumation du président Arafat se posera dès l'annonce officielle de sa mort. Une autre bataille tout aussi cruciale attend les responsables palestiniens, trouver l'homme de consensus qui dirigera la lutte palestinienne et travaillera dans la continuité de ce qu'a accompli Yasser Arafat, l'érection à Ghaza et en Cisjordanie d'un Etat palestinien indépendant avec El-Qods-Est comme capitale. Il sera en vérité très délicat de trouver cet homme de consensus qui saura faire oeuvre d'abnégation et réunir autour de sa personne l'ensemble des unités combattantes palestiniennes. Il y a certes les vieux compagnons du parcours du leader palestinien, tels Mahmoud Abbas, secrétaire général du comité exécutif de l'OLP (CE/OLP) et ancien Premier ministre, et l'actuel Premier ministre, Ahmed Qoreï, qui ont suivi Arafat dans tous ses exils et sont revenus avec lui en 1994 en Cisjordanie lors de la proclamation de l'Autorité autonome palestinienne. Selon analystes et observateurs ils sont tout désignés, en duo, ou l'un d'entre eux, pour assumer l'intérim du pouvoir de l'Autorité autonome. Successeurs légitimes et logiques, Mahmoud Abbas, 69 ans, autant qu'Ahmed Qoreï, 67 ans, dont les santés sont fragiles, risquent toutefois, à terme, d'être handicapés par le même problème de santé. On cite également les noms de l'ancien ministre délégué à la sécurité de l'Autorité palestinienne, Mohamed Dahlane, et celui du conseiller à la sécurité du président Arafat, Jibril Rajoub, tous deux membres de l'OLP, deux hommes, considérés comme des jeunes loups, qui ont émergé à l'ombre de la seconde Intifada. On peut également citer dans cette liste, le populaire chef du Fatah de Cisjordanie, Marwan Al-Barghouti, prisonnier en Israël et condamné par un tribunal israélien à la prison à perpétuité. Il ne fait pas de doute qu'Al-Barghouti, chef de la section du Fatah (parti du président Arafat) de Cisjordanie aurait fait l'unanimité parmi les Palestiniens de toutes tendances qui reconnaissent en lui un chef. Parmi la jeune génération palestinienne qui a fait ses preuves dans le feu du combat, il faut citer les noms de Nabil Chaâth, ministre des Affaires étrangères et Saëb Erakat. Le choix est restreint, mais semble de qualité parmi les nationalistes palestiniens, même si les islamistes du Hamas et du Jihad, peuvent avoir leur mot à dire dans la question de la succession. De fait, selon la loi fondamentale de l'Autorité palestinienne, en quelque sorte une Constitution par défaut, qui stipule qu'après le décès du président, ou s'il est incapable d'assurer le pouvoir, il doit être remplacé par le président du Conseil législatif palestinien (CLP, Parlement). Dans ce cas de figure, l'actuel président du CLP, Rawhi Fatouh, une personnalité qui n'a pas beaucoup défrayé la chronique palestinienne, assurera l'intérim jusqu'aux élections qui doivent être organisées dans les 60 jours après le constat de vacance du pouvoir. Toutefois, il serait à tout le moins difficile, avec l'occupation et le bouclage des territoires palestiniens et les représailles de l'armée israélienne, d'organiser une consultation électorale crédible. Un dilemme de plus pour les responsables palestiniens de l'Autorité autonome et du CE/OLP.