L'entrée en production de l'usine Renault à Oran donne naissance enfin aux premiers balbutiements d'une industrie automobile en Algérie. La Symbol, première voiture made in Algeria qui sortira de l'unité d'Oued Tlélat, mettra ainsi un terme à plusieurs décennies de disette durant lesquelles des générations successives souhaitaient un jour conduire un véhicule typiquement algérien. Le rêve de millions d'habitants est aujourd'hui exaucé. Assemblage, montage, taux d'intégration insignifiant..., peu importent les paramètres qui entourent la fabrication de cette berline. L'essentiel est que le client peut désormais passer commande et prendre possession de son véhicule dans les quelques jours qui suivent. L'avantage qu'offre cette Symbol, c'est qu'elle sera accessible par facilités, à l'aide d'un prêt bancaire avec le retour, dès 2015, du crédit à la consommation dédié exclusivement à la production nationale. Au-delà des recettes qu'engrangeront les 24 000 unités qui seront vendues par la société Renault Algérie Production (Rap), la commercialisation de cette voiture sur le marché national va, par conséquent, contribuer à la réduction des importations qui avoisinent les 500 000 véhicules/an pour lesquels l'Algérie n'a bénéficié d'aucune contrepartie. Le président du directoire de la Société de gestion des participations équipements industriels et agricoles (SGP Equipag), Bachir Dehimi, parle d'une révision à la hausse du volume de production qui atteindra 75 000 unités/an (15 véhicules/heure) incessamment pour arriver à terme à 150 000 unités/an. Autant de voitures qui ne seront plus importées. Ce qui va diminuer un tant soit peu la facture des véhicules introduits sur le marché algérien, estimée à une dizaine de milliards de dollars. Invité de la rédaction de la Chaîne III de la Radio nationale, M. Dehimi indique qu'au moins 4 pièces, essentiellement de la plasturgie, sont intégrées dans ce véhicule, soit un taux d'intégration de 17%. Celui-ci augmentera, selon lui, avec la réalisation des investissements prévus dans les activités d'emboutissage, de tôlerie et de peinture qui permettront de construire sur place tous les éléments constituant la carrosserie de la voiture. "Notre objectif est d'arriver, d'ici à cinq années, à un taux de 42%", avoue-t-il. Dès 2015, toute la siègerie du véhicule, ajoute-t-il, sera totalement intégrée et le taux sera d'environ 25%. Autant de pièces déjà homologuées par le constructeur français. Avec les grands projets lancés dès 2010 dans le domaine de la mécanique, à Constantine, Rouiba et Oran pour lesquels l'Etat a débloqué une enveloppe de 40 milliards de dinars et la dynamisation du secteur de la sous-traitance, la cadence des plateformes de fabrication sera non seulement accélérée, mais passera également à l'exportation. La Symbol sera dotée, affirme M. Dehimi, d'équipements et d'options aux standards de Renault en termes de technologie, de confort et de sécurité. Sans avancer de prix, le président de la SGP Equipag évalue cette voiture autour de 1 200 000 DA, tout en insistant sur le bon rapport qualité/prix dont elle jouit. Par ailleurs, M. Dehimi tient à préciser que les avantages, prévus par la réglementation, accordés par le Conseil national de l'investissement et le Conseil des participations de l'Etat à ce projet, n'ont pas été destinés au constructeur français, mais plutôt à la société RAP qui est de droit algérien. Dans le lot des 75 000 unités qui seront fabriquées prochainement, figureront, souligne Bachir Dehimi, pas moins de trois autres modèles de voitures, suivant la demande exprimée sur le marché national. La fabrication de véhicules en Algérie reste, soutient-il, ouverte à tous les constructeurs et Renault n'en détient pas l'exclusivité. La relance des industries automobile et mécanique va, faut-il le préciser, porter le chiffre d'affaires des entreprises du groupe Equipag de 17 milliards de dinars en 2009 et 52 milliards de dinars en 2013 à 100 milliards de dinars en 2016. B. K.