La pratique de la normalisation est très peu perceptible dans le système de management de l'entreprise algérienne, sauf à travers des réglementations techniques, mais rarement en tant qu'actes volontaires qui lui donnent tous ses titres de noblesse. C'est ce qui ressort de la rencontre "sur les normes comme outils de compétitivité, de croissance et de protection" organisée, hier à l'hôtel El-Aurassi, par le Forum des chefs d'entreprise (FCE), dans le cadre "Des Journées de l'entreprise". Pour le président par intérim du FCE, Ahmed Tibaoui, "ce n'est pas par faute de législation ou de réglementation que la normalisation ou les normes sont à leur balbutiement en Algérie". Selon lui, cet état de fait relève d'une responsabilité partagée entre institutions, entreprises et associations professionnelles. "Il y a un travail important de sensibilisation à engager", a estimé M. Tibaoui. "En effet, peu d'entreprises ou d'associations se consacrent à cet aspect des choses tandis que l'institution en charge de l'encadrement du processus de normalisation, qui est aussi le point focal de l'OMC en matière d'obstacles techniques au commerce, n'a peut-être pas toute la plénitude des moyens dont elle devrait être dotée pour remplir valablement les missions dont elle est investie", a-t-il relevé. Résultat, aujourd'hui, l'économie est livrée à toutes sortes de dysfonctionnements qui se traduisent par des importations tous azimuts et une production nationale asphyxiée. La normalisation est l'instrument moderne privilégié de protection et de promotion de la production nationale. C'est aussi le visa obligé à l'exportation. Les pays qui ont réussi à s'insérer dans le processus économique de mondialisation sont ceux qui ont investi dans les normes et développé "une protection intelligente" de leur économie. Les études macroéconomiques montrent que la normalisation contribue directement à la croissance de l'économie. Elle est estimée à 11% au Royaume-Uni, 27,3% en Allemagne et... à 0,04% en Algérie. M. Hanifi Belaraoui, P-DG de Belux, a évoqué le manque à gagner en termes de PIB, en Algérie, en l'absence d'un système normatif développé. Selon des simulations qu'il a présentées, le manque à gagner est évalué à une centaine de milliards de dollars entre 1963 et 2013. L'intégration des normes pourrait permettre à l'Algérie de gagner 2,4% de croissance de son PIB prévisionnel à l'horizon 2050. La directrice générale de l'Institut algérien de normalisation (Ianor), Mme Ratiba Chibani, a déploré non seulement le retard accusé dans le processus de mise en conformité du système normatif algérien aux standards internationaux, mais aussi la très faible représentation de l'Algérie au sein de l'Organisation internationale de normalisation. "Sur 100 000 experts qui contribuent par leurs travaux au système ISO, il n'y a qu'un Algérien", a-t-elle déploré. En tout état de cause, les participants à la rencontre ont appelé toutes les parties concernées (institutions, entreprises et associations) à conjuguer leurs efforts pour faire de la normalisation un véritable outil d'organisation et de management dans la vie quotidienne des entreprises, en particulier, et de la société, en général. Le Fce recommande de créer un marquage réglementaire (équivalent CE) pour des produits devant répondre à certaines normes techniques et acquérir le droit de libre circulation sur l'ensemble du territoire national. L'organisation patronale propose le renforcement des organismes et institutions en charge de l'encadrement du système normatif algérien, du contrôle de conformité et de l'accréditation en les dotant de moyens appropriés pour une meilleure prise en charge de leurs missions respectives. Le FCE plaide pour l'organisation des campagnes de sensibilisation pour expliquer l'intérêt des normes et en faire une culture dans la gestion des affaires, en invitant toutes les parties concernées à s'impliquer dans l'élaboration des normes, règlements techniques et directives. L'organisation patronale suggère aussi le renforcement de la participation du fonds de mise à niveau, pour l'ensemble des entreprises (PME et autres), en matière de management de la qualité, de la certification et du marquage des produits. M. R.