La visite effectuée par le président turc, Recep Tayyip Erdogan, en Algérie n'aura pas permis d'avancer dans le sens d'un partenariat à la hauteur des aspirations des deux pays. Hormis la prolongation, pour dix ans, du contrat de livraison de gaz naturel, avec une augmentation de 50% du volume, les questions en suspens n'ont pas trouvé de réponse, que ce soit pour l'insistante demande turque de signer un accord de libre-échange, ou encore celui de la suppression des visas que l'on annonce depuis plus d'une année. Les Algériens ne sont pas favorables à la signature d'un accord de libre-échange qui serait, certes, bénéfique aux Turcs, mais qui défavoriserait grandement l'Algérie dont les exportations restent dominées par les hydrocarbures. Privilégiant le partenariat industriel et le transfert de technologie, les Algériens attendent plus d'implication de la part des entreprises turques et voudraient bénéficier de leur savoir-faire. Pour le moment, les Turcs ont investi dans le textile et la sidérurgie, mais leurs entreprises voudraient prendre davantage de parts de marché, notamment dans le BTPH. En plus du logement où ils voudraient renforcer leur présence, les Turcs s'attendent à contribuer dans les vastes chantiers des travaux publics, notamment les projets autoroutiers lancés par l'Algérie. Mais c'est le secteur commercial qui les intéresse le plus. Les Turcs sont décidés à prendre davantage de parts de marché en Algérie. Non satisfaits des 5 milliards de dollars d'échanges commerciaux entre les deux pays, ils voudraient porter ce volume à 10 milliards de dollars d'ici à 2016. Ils réclament plus de souplesse, de la part d'Alger, en matière de délivrance de visas et de permis de travail, mais aussi de résoudre la question de la double sujétion des travailleurs turcs aux régimes d'assurances sociales en Algérie et en Turquie. Deux jours durant, le président turc a eu des entretiens avec son homologue algérien, visité le chantier de la mosquée Ketchaoua et déposé une gerbe de fleurs au Sanctuaire des martyrs, le tout ponctué par une présence au forum des hommes d'affaires algéro-turcs, tenu mercredi à l'hôtel Sheraton.Au plan économique, le président Erdogan a considéré que le volume des échanges commerciaux entre les deux pays, estimé actuellement à 4,5 milliards de dollars, pouvait être porté, à court terme, à 10 milliards de dollars. Il a également évoqué la possibilité de développer les relations bilatérales dans les domaines culturel et militaire. Le président turc a affirmé que son pays voulait hisser ses investissements en Algérie à de meilleurs niveaux souhaitant intensifier la participation des entreprises turques dans les projets d'infrastructures. Le président turc a affirmé dans ce contexte que son pays était prêt à faire profiter l'Algérie de son expérience en matière de réalisation de logements, soulignant que la Turquie avait construit près de 600 000 logements pour ses compatriotes durant les 12 dernières années. Du côté algérien, c'est le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui avait la charge de veiller au bon déroulement de cette visite. "J'invite les investisseurs et les capitaines d'industrie turcs à s'engager avec leurs partenaires algériens pour travailler ensemble afin de renforcer les liens d'amitié et de coopération entre nos deux pays et participer à l'œuvre algérienne de renouveau économique et social", a-t-il déclaré. Il a relevé que le modèle entrepreneurial turc performant dans de nombreux domaines d'activité correspondait aux besoins de l'économie algérienne pour bâtir, notamment, des projets rentables et mutuellement bénéfiques. Selon ses estimations, le nombre d'entreprises turques activant en Algérie devrait passer à 1 500 en 2015 contre 940 actuellement, et ce, grâce à des partenariats qui devraient être créés entre les investisseurs algériens et turcs. Le souhait de l'Algérie, a affirmé M. Sellal, est d'aller ensemble avec la Turquie sur des marchés étrangers, notamment en Afrique. Pour sa part, le ministre de l'Industrie et des Mines, Abdesselam Bouchouareb, a appelé les investisseurs turcs à poursuivre leurs engagements en Algérie, en leur précisant qu'aucune piste de partenariat ne doit être sous-estimée. Le ministre a fait part de "la forte attente" que les entreprises turques continuent à s'engager avec détermination et confiance en l'avenir. En effet, a-t-il poursuivi, "l'avenir appartient aux entreprises qui auront franchi le pas durant la période actuelle", lesquelles "auront sûrement plusieurs longueurs d'avance sur les autres". À ce titre, il a assuré que l'Etat était prêt à lever toutes les contraintes à l'investissement. "Des contraintes peuvent exister ou surgir, mais nous sommes là pour les lever", a-t-il assuré tout en promettant que les aides et l'accompagnement nécessaires seront fournis. Abordant les secteurs qui peuvent faire l'objet de partenariats entre les entreprises algériennes et turques, il a cité la sidérurgie, la mécanique, le textile, l'électronique, la câblerie, le transport et la construction. Au-delà de ces opportunités identifiées dans ces secteurs, le ministre a insisté sur la coopération en matière de formation, de renforcement des capacités techniques et managériales et d'expertise qui constituent, selon lui, un levier de première importance pour soutenir la performance des entreprises. A. B.