Le président de la République de Turquie, Recep Tayyip Erdogan, a quitté jeudi dernier Alger, au terme d'une visite officielle de deux jours à l'invitation du président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Cette visite, la première de M. Erdogan à l'étranger en sa qualité de président de la République de Turquie, a été marquée par la tenue d'un Forum économique des hommes d'affaires algéro-turc et la signature d'une convention portant prolongation du contrat de livraison de gaz naturel liquéfié (GNL) algérien à la Turquie pour dix années supplémentaires avec augmentation de 50% du volume. Dans son discours prononcé au Forum économique, le Président turc a affirmé que son pays veut hisser ses investissements en Algérie à de meilleurs niveaux, souhaitant intensifier la participation des entreprises turques dans les projets d'infrastructures. M. Erdogan a rappelé dans ce cadre les projets d'investissements turcs en Algérie, estimés jusqu'à présent à 2 milliards de dollars. Il a cité à ce propos le projet de l'entreprise turque de sidérurgie Tosyali. «L'Algérie s'apprête à engager de grands projets d'infrastructures et nous voulons contribuer dans ces projets», a-t-il clairement déclaré, ajoutant que son pays était prêt à faire profiter l'Algérie de son expérience en matière de réalisation de logements. Il s'agit là, faut-il l'indiquer, du plus grand projet d'investissement lancé par le président Bouteflika, qui s'apprête à construire au moins 2 millions de logements. Par ailleurs, M. Erdogan a appelé au renforcement des échanges commerciaux entre les deux pays, pour passer de 4,5 milliards de dollars actuellement à 10 milliards de dollars dans les plus brefs délais, et ce, en levant tous les obstacles entravant le commerce. Cette demande a également été formulée par M. Emre Aykar, le président du conseil d'affaires algéro-turc. Ce dernier, lors de son intervention, a insisté sur l'établissement d'une zone de libre-échange avec l'Algérie qui, selon lui, «va impulser les relations commerciales bilatérales». «Un accord de libre-échange donnera une nouvelle dimension à nos relations commerciales, nous demandons sa conclusion aussitôt que possible tout en préservant les intérêts des deux parties», a-t-il déclaré, ajoutant que son pays souhaite «doubler les échanges commerciaux avec l'Algérie, de près de 5 milliards de dollars actuellement à 10 milliards de dollars d'ici à 2016». «Nous soutenons les hommes d'affaires turcs à découvrir en Algérie les opportunités d'affaires d'abord dans le commerce, l'investissement et le Btph», a-t-il précisé, tout en soulignant que l'Algérie figurait parmi les «marchés cibles» des PME turques. Il est à préciser à titre d'indication, que sur les dix premiers mois de l'année 2014, la balance commerciale s'est affichée excédentaire en faveur de la Turquie qui a exporté vers l'Algérie pour 1,7 milliard de dollars et en a importé pour 1,36 milliard de dollars. La balance commerciale est déjà excédentaire en faveur de la Turquie avant même la création d'une zone de libre-échange. D'ailleurs cette zone n'est pas une priorité pour l'Algérie et les hommes d'affaires n'ont pas manqué de plaider, lors de ce forum, pour un partenariat économique gagnant-gagnant avec la Turquie. Un partenariat qui dépasse le cadre commercial et renforce les investissements productifs dans le pays avec une garantie de transfert de technologie et de savoir-faire. À ce propos, le président de la Chambre algérienne du commerce et d'industrie (Caci), Laïd Benamor, a affirmé que les relations économiques entre l'Algérie et la Turquie «restent en deçà des objectifs et des ambitions portés par les deux pays». Il a observé que l'économie turque avait atteint un niveau de développement et de savoir-faire significatif, souhaitant que l'Algérie puisse bénéficier de ce potentiel à travers des partenariats gagnant-gagnant dans divers secteurs, notamment celui des PME-PMI. De son côté M. Boualem Merakchi, le président de la Confédération algérienne du patronat (CAP), a déclaré : «Nous souhaitons que les relations économiques avec la Turquie s'élargissent à d'autres secteurs comme les nouvelles technologies, le transfert du savoir, les connaissances, la recherche ou encore le savoir-faire car c'est de cela dont a besoin l'entreprise algérienne.» M. Merakchi a expliqué qu'aujourd'hui le marché algérien est «un marché à grand potentiel et intéresse beaucoup, mais nous souhaitons en priorité mener des actions en adéquation avec nos intérêts nationaux. Autrement dit, il s'agit d'établir un partenariat franc et bénéfique pour les deux parties et cela a été bien compris par nos amis turcs». M. Merakchi a enfin souligné que «certes les Turcs ont montré un intérêt pour nos propositions, mais l'intérêt, ce n'est pas tout. Faut-il rappeler que nous avons eu au moins une trentaine de conventions avec plusieurs pays, mais le plus important c'est la réalisation. Les investisseurs turcs ont parlé de certaines difficultés rencontrées, mais nous estimons que le retour sur investissement en Algérie est beaucoup plus important que partout ailleurs. C'est prouvé et les Turcs le savent». Cet appel à un partenariat gagnant-gagnant a également été formulé officiellement par le côté algérien. Abdelmalek Sellal, lors de son intervention devant les participants au Forum économique, n'a pas manqué d'appeler les entreprises turques à participer au renouveau économique de l'Algérie et cela à travers des projets rentables et mutuellement bénéfiques. «J'invite les investisseurs et les capitaines d'industrie turques à s'engager avec leurs partenaires algériens pour travailler ensemble afin de renforcer les liens d'amitié et de coopération entre nos deux pays et participer à l'œuvre algérienne de renouveau économique et social», a déclaré M. Sellal dans son allocution de clôture du Forum d'affaires algéro-turc. Le souhait de l'Algérie, a conclu M. Sellal, est d'aller ensemble avec la Turquie sur des marchés étrangers notamment en Afrique. H. Y. En Bref...en Bref...en bref... - Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, s'est rendu jeudi matin au chantier de restauration de la mosquée Ketchaoua à Alger. Rappelons que la réhabilitation va être réalisée à titre gracieux par l'entreprise turque Tika et que les travaux vont durer deux ans. - Le président de la République de Turquie a indiqué que l'Algérie et la Turquie pouvaient réaliser de grands projets communs en Afrique. «Je suis convaincu que la Turquie et l'Algérie peuvent réaliser de grands projets communs en Afrique», a déclaré à la presse M. Erdogan. - Le volume des échanges commerciaux entre l'Algérie et la Turquie a atteint un montant de 4,4 milliards de dollars en 2013, dont 2,07 milliards de dollars représentant les importations de l'Algérie et 2,3 milliards de dollars ses exportations vers la Turquie. Sur les dix premiers mois de 2014, la balance commerciale s'est affichée excédentaire en faveur de la Turquie, qui a exporté vers l'Algérie pour 1,7 milliard de dollars et en a importé pour 1,36 milliard de dollars. Les importations de l'Algérie auprès de la Turquie sont concentrées pour plus de 80% sur les demi-produits, les biens d'équipements industriels et les biens de consommation alimentaires, alors que les exportations restent dominées pour plus de 90% par les hydrocarbures et les produits dérivés. - Une convention portant prolongation du contrat de livraison de gaz naturel liquéfié (GNL) algérien à la Turquie pour dix années supplémentaires avec augmentation de 50% du volume, a été signée mercredi dernier à Alger par le ministre de l'Energie, Youcef Yousfi et son homologue turc, Taner Yildiz. - «Un accord de libre-échange donnera une nouvelle dimension à nos relations commerciales, nous demandons sa conclusion aussitôt que possible tout en préservant les intérêts des deux parties», a déclaré Emre Aykar, président du Conseil d'affaires algéro-turc lors du Forum économique entre les deux pays. M. Aykar a indiqué que son pays souhaitait doubler les échanges commerciaux avec l'Algérie de près de 5 milliards de dollars, actuellement, à 10 milliards de dollars d'ici à 2016. - M. Aykar a fait part des «difficultés» rencontrées par les opérateurs économiques turcs en Algérie, citant en cela l'obtention de visas, de permis de travail, le paiement de la sécurité sociale en Algérie et en Turquie et l'obligation de payement d'une caution bancaire pour les entreprises soumissionnant aux marchés publics de construction. H. Y.